Ce one-shot entièrement muet raconte l’histoire d’un ourson recueilli par le chasseur qui a tué sa mère. Sans prononcer une seule parole, ce conte visuel à portée universelle réussit l’exploit de raconter énormément de choses. L’histoire de ce personnage qui part à la recherche de ses racines et de sa place au sein de la société aborde de nombreux thèmes, dont la filiation, la paternité et le rejet de la différence, tout en proposant une réflexion particulièrement poussée sur l’identité.
Visuellement, il faut cependant s’accrocher car le style tordu de Nicolas Presl ne plaira pas à tout le monde. Ses personnages difformes et le non respect des perspectives ont en effet de quoi déboussoler. Pourtant, au fil des pages, non seulement on s’y habitue, mais on est également surpris par la quantité d’émotions que ce dessin atypique parvient à exprimer. Les images se mettent à parler et à partager des sentiments profonds avec une justesse incroyable. Au bout de plus de 200 pages, on a presque du mal à croire que l’auteur a réussi à exprimer tant de choses sans dire un seul mot. Alors oui, je ne trouve pas ça forcément beau, mais je m’incline tout de même devant la force narrative du graphisme proposé par Nicolas Presl.
Pour une première œuvre, chapeau !