Dans le premier brûle-parfum, Ko Wei-lung est une jeune Shanghaienne d'origine modeste qui demande à Madame Liang, sa riche tante à la réputation sulfureuse, de l'héberger pour pouvoir continuer ses études à Hong Kong. Bien qu'elle ait presque atteint la cinquantaine, Madame Liang, une mondaine sur le déclin, se fait appeler "Jeune madame" par ses domestiques et voit en Wei-lung une nouvelle occasion d'attirer de jeunes hommes dans ses soirées... Wei-lung s'y résout au risque de perdre ses illusions et son innocence.
Dans le deuxième brûle-parfum, Roger Empton est un professeur respecté de la South China University à Hong-Kong, sur le point d'épouser la jeune et belle Susie Mitchell. Cette dernière, de par son éducation incomplète, ne connaît rien à l'amour et aux plaisirs de la chair. Lors de sa nuit de noces, elle réagit très mal au point de compromettre la réputation de Roger...
Quel plaisir que de plonger dans ces deux romans qui évoquent une société partagée entre les traditions et la modernité occidentale. Le choc de culture est très bien représenté par Eileen Chang qui nous fait ressentir l'ambiance coloniale comme si on y était. On y aperçoit les mauvais travers et l'hypocrisie d'une société mondaine qui se veut trop moralisante tout en acceptant certains comportements indécents, une société où les femmes manquent d'éducation sexuelle par puritanisme, ou bien se laissent aller à tous leurs désirs.
L'écriture d'Eileen Chang est agréable et nous embarque dans son univers dès le début par ses mots qui ouvrent le récit : Retrouvez chez vous, s'il vous plaît, un vieux brûle-parfum de famille tout constellé de vert-de-gris, allumez-y des copeaux d'aloès et écoutez-moi vous raconter une histoire du Hongkong d'avant-guerre : lorsque les copeaux auront fini de brûler, mon histoire, elle aussi, sera terminée.
Deux brûle-parfums est une très belle découverte et je remercie grandement Babelio et les éditions Zulma pour leur confiance.