La start-up Augmedix a mis au point un système permettant au médecin de se focaliser entièrement sur son patient tandis qu’un assistant gère l’administratif à distance.
Augmedix est née début 2012 à San Francisco de la volonté d’humaniser davantage la relation entre médecins et patients qui a, par certains aspects, souffert de l’arrivée des nouvelles technologies. « Il arrive que le médecin soit contraint de passer davantage de temps sur son ordinateur qu’auprès du patient. » explique Alex Tam, jeune responsable du design au sein de l’entreprise, rencontré à l'occasion de la dernière Learning Expedition organisée par L'Atelier. « Une expérience déplaisante pour ce dernier, mais aussi pour le médecin, qui a choisi cette discipline pour aider les gens et non pour rester scotché devant un écran. » Afin de parer cet écueil, Augmedix a mis au point une solution pour seconder le médecin à distance. Une paire de Google Glass, un assistant qui travaille en temps réel derrière son poste, et le tour est joué. Les lunettes sont équipées d’un micro, d’une caméra et d’un petit écran. Ainsi, le médecin peut communiquer avec son assistant, qui de son côté voit la consultation à travers les yeux du médecin et peut utiliser l’écran pour fournir des informations à ce dernier, comme par exemple une fiche-patient indiquant son âge, son pouls et sa température. L’assistant s’occupe également de rentrer toutes les informations relatives à la consultation, diagnostique, traitement, etc. dans le dossier de santé électronique du patient. « Ainsi, le médecin peut concentrer toute son énergie sur le patient, tandis que l’assistant se focalise sur le dossier à remplir. Plus grande attention accordée aux patients et dossier plus complet riment ainsi avec plus grande efficacité. » développe Alex.
Augmedix permet au médecin de concentrer son attention sur le patient.
Un service personnalisé
Les professionnels de la santé s’acquittent d’un abonnement mensuel, moyennant quoi Augmedix assure la maintenance sur le produit (ce qui implique par exemple de remplacer les lunettes défectueuses), se rend sur place pour s’assurer du bon fonctionnement du système, installant par exemple de nouvelles bornes wifi dans les hôpitaux si besoin, et offre un service entièrement personnalisé. Chaque médecin se voit ainsi attribué au minimum deux assistants formés pour travailler avec lui, qui s’adaptent à ses heures de travail. Alex affirme que le service fourni par son entreprise permet aux médecins d’économiser deux heures de travail par jour. Issue de l’incubateur Rock Health, la start-up s’est aujourd’hui implantée dans douze états américains, et souhaite conquérir l’ensemble du pays avant de se lancer à l’étranger.
L’HITECH Act a aidé le système médical américain a adopté les nouvelles technologies.
Faire du numérique un atout et non un fardeau
« L’une des raisons du succès de notre entreprise est l’adoption massive de la documentation électronique par le corps médical. » affirme Alex. A l’origine de ce changement majeur, notamment, la promulgation de l'Health Information Technology for Economic and Clinical Health (HITECH) Act, par l’administration Obama, en 2009, qui vise à promouvoir l’usage des nouvelles technologies dans le domaine de la santé. Depuis, un grand nombre de médecins et hôpitaux se sont mis à gérer leurs dossiers en ligne, à l’aide de logiciels comme EPIC. Aussi pratiques et économiques soient-ils, ces derniers sont toutefois complexes à prendre en main, notamment pour les médecins les moins familiers avec les nouvelles technologies, et impliquent d’y consacrer un certain temps. Augmedix permet ainsi aux professionnels de la santé de jouir des avantages de la numérisation sans être contraints de sacrifier une partie de leur temps. De la réalité virtuelle aux Google Glass, en passant par le crowdfunding et les objets connectés : le monde médical n’a décidément pas peur de l’innovation.