S'il est désormais impossible d'ignorer le phénomène de la « FinTech », cette génération de startups prêtes à s'emparer de tous les métiers de la finance, le secteur de l'assurance reste aujourd'hui un peu à l'écart de la révolution. La situation est cependant en train de changer, comme le signale la création du premier accélérateur StartupBootCamp dédié.
Bien sûr, le domaine n'est pas totalement ignoré des entrepreneurs et il suffit de citer Friendsurance, Guevara ou InsPeer pour se rappeler que les assureurs ont aussi leurs trublions. Mais ce mouvement n'a, pour l'instant, rien de comparable avec les centaines (milliers ?) d'acteurs qui s'attaquent à la banque. Il ne fait pourtant aucun doute que les pionniers vont bientôt être rejoints par une armée de nouveaux entrants qui, comme partout, vont tenter de renverser les modèles existants grâce aux technologies.
Peut-être, jusqu'à maintenant, la difficulté à affronter les compagnies sur leur propre terrain semblait-elle trop grande pour justifier de s'y engager ? Or, avec la maturité des systèmes d'analyse de données massives (« big data », « data science » et consorts), la généralisation de la quantification de soi ou encore l'émergence de l'internet des objets, de toutes nouvelles opportunités s'ouvrent dorénavant, permettant d'aborder les problématiques de l'assurance d'une manière résolument différente.
Voilà probablement la raison pour laquelle la célèbre organisation StartupBootCamp lance son programme consacré à ce secteur. Elle appelle à le rejoindre les jeunes pousses de tous pays qui cherchent à transformer le monde de l'assurance des particuliers, de la gestion des risques en entreprise, de la réassurance, voire même du back-office… Et pour trouver des candidates, elle s'apprête à faire un véritable tour de la planète, qui passera par Berlin, Zürich, Cape Town, Tel Aviv, New York, Singapour, Hong Kong et Londres, où la structure sera basée.
L'organisation du programme est conforme à la politique habituelle de StartupBootCamp : en échange de 8% de leur capital, les heureuses élues bénéficieront d'un subside de 15 000 euros (!) et d'un accompagnement de 3 mois, comprenant un espace de travail, un mentorat actif, un accès à un réseau d'investisseurs potentiels et de partenaires industriels, parmi lesquels Allianz, Unipol et Lloyds Banking Group se font particulièrement remarquer… L'objectif est – classiquement – de permettre à des entreprises naissantes d'affiner leurs modèles d'affaires pendant ce séjour intense.
Peut-être plus que dans ses autres initiatives, StartupBootCamp met un fort accent sur la valeur ajoutée que son accélérateur de l'assurance peut offrir aux compagnies traditionnelles. Tout est présenté comme s'il n'était pas vraiment question ici d'incuber leurs concurrentes de demain mais plutôt de permettre le développement de leurs futures partenaires, capables d'introduire l'innovation dans des entreprises qui savent qu'elles en ont besoin mais ne parviennent pas à la nourrir en leur sein.
Toujours est-il que la mutation numérique va bientôt frapper le secteur de l'assurance de plein fouet et que la plupart des acteurs en place n'y sont pas préparés. Ceux qui participent au StartupBootCamp Insurance (tout comme ceux qui ont des démarches similaires indépendantes) ont compris qu'ils n'ont pas le choix – pour rester pertinents dans le monde en devenir – que de faire appel à la créativité et à l'agilité d'entrepreneurs intrépides n'hésitant pas à aborder les problèmes avec un point de vue disruptif. Les autres resteront inéluctablement au bord du chemin…