True Detective // Saison 2. Episode 1. The Western Book of The Dead.
Beaucoup de séries d’anthologie reprennent des acteurs de la première saison car c’est une solution de facilité. True Detective a décidé de faire autrement et de réellement tout changer afin de raconter une histoire de détectives complètement différente. Le succès critique et public de la première saison a forcément donné envie à HBO d’investir dans cette série. A grand coup de publicités bien fichues, d’un casting pas détonnant mais intéressant (Colin Farrell, Vince Vaughn, Taylor Kitsch, et j’en passe). En tout cas, ce premier épisode se devait de présenter la nouvelle saison de True Detective de la façon la plus passionnante qu’il soit et malheureusement, c’est en partie un véritable échec. Le problème de ce premier épisode de la saison 2 c’est qu’il y a trop d’intrigues en tout genre, trop de personnages d’un coup, etc. Ce sentiment de trop plein ne nous permet jamais de véritable déguster. Les meilleurs moments sont ceux que Justin Lin exploite à sa façon, à la fin de l’épisode, où les dialogues sont absents. Ce sont des scènes d’une efficacité redoutable qui permettent de réellement cerner l’univers assez polar-esque et sombre de cette saison, sans compter les couleurs locales qui sont différentes de celles de la première saison qui se déroulait en Louisiane. C’est aussi un épisode qui avait quelque chose de lourd sur les épaules : la saison 1.
Il fallait donc faire aussi bien ou mieux que la première saison et alors True Detective aurait pu devenir sympathique. C’est bête mais je trouve que justement la série n’a pas réussi à rester intelligente de ce point de vue là, voulant tout de suite nous assommer de tout un tas de choses histoire de nous donner l’impression que la série ne va pas nous ennuyer. Sauf que je n’avais pas envie de me retrouver noyé au milieu d’un épisode qui devient très rapidement confus. On ne comprend pas toujours les liens entre les personnages et les intrigues. Cela me fait un peu penser à The Bridge sauf que cette dernière avait justement réussi à délier toutes les intrigues de tous les personnages dès le premier épisode. Les faiblesses ne venaient pas du tout de la façon dont le récit était conté. Finalement, ce premier épisode donne plus l’impression de voir un ensemble de choses que le créateur aurait tenté d’assembler à sa façon : des flics, des escrocs, des crimes, de la corruption et tout un tas d’autres choses sauf que rapidement, sans réellement créer un sentiment d’ambivalence parmi les intrigues, l’épisode déçoit et ennui terriblement. Rapidement, ce premier épisode perd son téléspectateur car à vouloir trop en dire, True Detective perd aussi ce qui faisait la solidité de la première saison : sa simplicité. Je ne sais pas ce qui est passé par la tête du créateur mais peut-être qu’ici il a voulu faire tout l’inverse.
L’univers que l’on nous dépeint est beaucoup plus polar-esque et sombre ici que dans la première saison (plus grisâtre et boueuse). Ici Justin Lin permet d’apporter quelque chose en plus, notamment son utilisation des lumières de la ville. C’est quelque chose qu’il semble maîtriser et étant donné que j’admire ce que ce réalisateur a fait sur la franchise Fast & Furious, je suis heureux de voir qu’il n’a pas perdu la main. Ce premier épisode veut donc nous en mettre plein la vue aussi avec de la violence, du sexe, des scènes érotiques (histoire de rappeler : on est sur HBO, on a le droit de faire ça ?) sans parler de tout un tas d’autres choses. Ce sentiment de presque vulgarité colle avec l’univers ultra violent et sombre que True Detective semble vouloir mettre en place cette année. Mais l’on retrouve aussi justement ce qui fait le succès de Justin Lin dans ce premier épisode et ce n’est pas plus mal. Il a l’oeil en tout cas. Mais si seulement True Detective n’était qu’une série visuelle, alors on serait avec un épisode assez intéressant. Le problème c’est que derrière, le scénario a du mal à défendre le visuel. Le scénario nous balance de personnages en personnages et l’on n’a jamais vraiment le temps d’apprendre à en connaître un qu’un nouveau nous est déjà présenté.
Côté casting, le seul personnage qui ressort vraiment à mes yeux est celui de Ani Bezzerides incarné par Rachel McAdams. C’est elle notre porte d’entrée dans cette saison 2 et je pense que ce n’est pas un choix ridicule. Au contraire, ce personnage est suffisamment intéressant sur tous les points de vue (personnels et professionnels) pour que la perspective qui va suivre puisse nous accrocher au reste. Car c’est elle qui va devoir nous donner envie de voir ce que va devenir Frank (incarné par Vince Vaughn) ou bien découvrir un peu plus de la vie du Dt. Ray Velcoro (incarné par Colin Farrell). D’ailleurs, ce dernier est un peu en marge, ce qui lui permet d’avoir certes un petit côté cliché et déjà vu mais de rappeler que True Detective n’est pas une série policière trop classique, qu’elle a aussi de la marge pour donner à ses personnages un air différent. On retrouve d’ailleurs presque un peu de Matthew Mcconaughey chez Colin Farrell ce qui est un mal pour un bien. Je passerais sur les autres personnes comme Paul qui à mon grand damne n’a pas la place que j’aurais peut-être apprécié qu’il ait (Taylor Kitsch n’est pas mauvais en plus, ce qui n’aurait pas dû être si gâché). Finalement, cette saison 2 démarre de façon décevante et confuse. Dommage.
Note : 4.5/10. En bref, True Detective veut trop en dire, trop en faire et cela fini par devenir ultra confus.