Ce développement de chercheurs américains représente un grand espoir. Pour cause, ce candidat-vaccin anti-chlamydia (trachomatis) pourrait réduire la prévalence colossale de cette infection qui touche des dizaines de millions de personnes dans le monde. Les premiers résultats d’efficacité, présentés dans la revue Science, et obtenus à ce stade chez la souris, apportent la première preuve de concept d’un vaccin administrable directement via les muqueuses, soit par application directe sur la paroi interne de l’utérus, soit par spray nasal.
On estime que plus de 100 millions de personnes vivent avec une infection à chlamydia dans le monde, c’est donc l’une des infections sexuelles transmissibles (IST) les plus communes. L’infection peut mener à l’infertilité féminine. Elle peut également entraîner la cécité et de pneumonie chez les bébés en cas d’infection chez la mère ou d’exposition à la bactérie après la naissance. En France, l’infection à chlamydia touche environ 3% des 18-24 ans. Chez 70 à 80% des femmes et environ 50% des hommes, la chlamydia n’entraîne pas de symptômes évidents et chez les autres personnes infectées des douleurs à la miction. Malgré de précédentes tentatives de développement, il n’existe pas de vaccin contre la maladie.
Les chercheurs de la Harvard Medical School et d’autres instituts de recherche aux États-Unis et en Arabie Saoudite testent ici un candidat vaccin à base de souches inactivées par U.V. de chlamydia liées à de minuscules nanoparticules contenant des adjuvants destinés à booster la réponse immunitaire. L’idée de départ était de tester un vaccin applicable directement sur les muqueuses de l’utérus, cependant, les chercheurs ont souhaité comparer les effets de différents modes d’administration du vaccin : par injection sous-cutanée, par application topique sur la muqueuse de l’utérus et par spray nasal.
Ici, la souris exposée à la bactérie, 4 semaines après avoir reçu le vaccin, présente une réponse immunitaire, avec les 2 derniers modes d’administration. Cette nouvelle approche entraîne le développement de cellules « mémoires », qui restent dans le tissu muqueux et incitent une réponse immunitaire si elles sont exposées à l’infection à nouveau à chlamydia.
Les chercheurs suggèrent que leur système de nanoparticules est un moyen d’optimiser un vaccin à appliquer ou à pulvériser directement sur les muqueuses et pourrait également être prometteur pour le développement de vaccins contre d’autres IST.
Le développement en est encore à un stade précoce et d’autres recherches sur l’animal seront encore nécessaires avant de passer aux essais cliniques chez l’Homme. Cependant, alors qu’il n’existe pas de vaccin contre cette infection extrêmement répandue et que les tentatives précédentes n’ont pas abouti, cette nouvelle approche représente une piste prometteuse, à suivre.
N.B. L’étude a également été soutenue par le laboratoire pharmaceutique Sanofi Pasteur
Source: Science June 19 2015 DOI: 10.1126/science.aaa8205A mucosal vaccine against Chlamydia trachomatis generates two waves of protective memory T cells (Visuel NIAID)
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