L’anaphylaxie est une réaction allergique sévère qui peut se produire à retardement chez les enfants. Ces réactions retardées se produisent après une disparition des premiers symptômes de la réaction allergique initiale, quelques heures ou jours plus tard sans nouvelle exposition à la cause initiale (substance allergène) qui a entraîné la première réaction. Ainsi, on estime que 5 à 23% des réactions anaphylactiques sont biphasiques chez l’enfant. Des réactions particulièrement insidieuses et dangereuses étant donnée la diminution ou la disparition des premiers symptômes. Les études montrent une association entre ces réactions tardives avec une administration de l’épinéphrine (adrénaline) également retardée.
Cette étude menée à l’Hôpital pour enfants de l’Ontario a porté sur la fréquence et la sévérité des réactions allergiques biphasiques à partir de 484 dossiers de jeunes patients dont 15% ayant subi cette réaction à 2 phases, dont 75% dans les 6 heures suivant la réaction initiale. La moitié de ces réactions biphasiques ont été jugées sévères et ont nécessité un traitement par épinéphrine.
L’analyse montre que le risque de réaction biphasique est plus élevé lorsque :
- la réaction allergique initiale est sévère,
- la réaction allergique initiale n’a pas été traitée avec de l’épinéphrine,
- lorsque l’administration d’épinéphrine a été retardée.
5 prédicteurs de réaction biphasique :
1. L’âge de l’enfant : de 5 à 9 ans,
2. Une arrivée aux urgences ou une administration d’épinéphrine tardive, soit plus de 90 minutes à partir du début des premiers symptômes initiaux,
3. Une pression pulsée élevée à l’arrivée (différence entre le pic de pression systolique et la pression finale diastolique).
4. Le traitement de la réaction allergique initiale avec plus d’une dose d’épinéphrine
5. Une détresse respiratoire nécessitant l’administration en urgence de salbutamol (bronchodilatateur) par voie inhalée
Ces 5 prédicteurs sont la base d’un nouvel outil pronostique destiné aux cliniciens qui prennent en charge ces cas aux urgences, développé par le Dr Walid Alqurashi, médecin des urgences de l’Hôpital d’Ontario, professeur à l’Université d’Ottawa, et auteur principal de l’étude.
Le message clé est clair : Il vaut pour les parents, les soignants, les enseignants et les professionnels de santé de premier recours :
- L’administration de l’épinéphrine doit intervenir immédiatement après l’apparition des premiers symptômes d’une réaction allergique chez l’enfant.
- Ensuite, les enfants victimes de réactions initiales sévères doivent bénéficier d’une période d’observation prolongée en service des urgences
- En revanche, les enfants victimes d’une réaction allergique légère, qui ne correspond à aucun des facteurs prédictifs identifiés peuvent rentrer à la maison plus rapidement.
Source: Annals of Allergy, Asthma & Immunology June 22, 2015 DOI: 10.1016/j.anai.2015.05.013 Epidemiology and clinical predictors of biphasic reactions in children with anaphylaxis