Odd Mom Out est une nouvelle série de dix épisodes diffusée depuis la mi-juin sur les ondes de Bravo aux États-Unis. Cette mère, c’est Jill Weber (Jill Kargman) qui vit avec son mari Andy (Andy Buckley) et leurs enfants dans l’Upper East Side à New York; l’un des quartiers les plus riches de la ville. Bien qu’ils jouissent d’une situation financière confortable, ils sont tout de même regardés de haut pas leur voisinage encore plus riche et c’est justement avec ces femmes que Jill surnomme « momzillas » qu’elle doit vivre au quotidien; pour le meilleur et pour le pire. De son côté, SunTrap est composée de six épisodes et est diffusée depuis la fin mai sur BBC One en Angleterre. La série se déroule dans une petite île d’Espagne où le journaliste d’enquête Woody (Kayvan Novak) atterrit après qu’une mission sous couverture ait tourné au désastre. Là-bas, il renoue avec son oncle Brutus (Bradley Walsh), propriétaire d’un petit bar et ensemble ils acceptent de jouer les enquêteurs pour des clients locaux qui sont pris dans des situations farfelues. Ces deux séries ne sont pas déplaisantes à regarder, mais ne sont peut-être pas assez originales pour nous donner envie d’y retourner la semaine suivante : du déjà-vu pour Bravo et un humour très sommaire pour BBC One.
Odd Mom Out : un public cible pour Bravo
Dans le premier épisode de Odd Mom Out, son mari s’est enfin fait offrir une place de partenaire au sein du cabinet d’avocat où il travaille, mais cette bonne nouvelle passe rapidement sous le radar depuis que son jeune frère Lex (Sean Kleier) a conclu une vente immobilière de 600 millions $. Et voilà que sa femme Brooke (Abby Elliott) vient troubler le quotidien de Jill en l’enjoignant à participer à sa nouvelle œuvre de charité; la N.A.C.H.O. : (New Yorkers Against Childhood Obesity) : l’objectif est à la fois simple et double : sensibiliser les enfants à l’exercice physique tout en donnant un prétexte à ces dames pour s’entraîner. Dans le second épisode, Candace (Joanna Cassidy), la mère d’Andy, découvre « par hasard » qu’un de leurs ancêtres était un noble autrichien et tient à ce que toute la famille ajoute le suffixe « Von » à son nom question d’apparaître encore plus respectable. Dans l’épisode suivant, Jill commence à se faire du souci puisqu’elle est la seule à ne pas avoir reçu de réponse positive des garderies où elle tente d’envoyer ses enfants.
Longtemps la chaîne Bravo n’était réputée que pour ses émissions de téléréalité telles The Real Housewives et on ne peut accuser la chaîne d’essayer d’attirer désespérément n’importe quelle clientèle. Son public est féminin et avec Odd Mom Out, on se moque, cette fois via la fiction, de ces femmes richissimes aux valeurs on ne peut plus superficielles. D’ailleurs, la série est basée sur le livre Momzillas publié en 2007 et écrit par Jill Kargman, laquelle y tient aussi le rôle principal. En ce sens, on pourrait affirmer qu’elle est le reflet de ses téléspectatrices. Bien sûr, ces femmes liftées sont ridicules et la protagoniste a beau se plaindre, reste qu’on compati peu à ses soucis et interrogations quant à la chirurgie plastique ou l’établissement huppé que fréquenteront ses enfants. En fait, autant la série dénonce ce genre ces femmes, autant indirectement elle les glorifie. Leur caractère excentrique a quelque chose de divertissant et la chaîne nous offre cette « fausse bonne conscience » avec le personnage de Jill.
Par ailleurs, on ne peut s’empêcher à penser à Abby (Abby McCarthy) dans Girlfriend’s Guide to Divorce, autre fiction de Bravo, dans laquelle une femme dans la quarantaine voit la vie d’un œil nouveau depuis qu’elle s’apprête à divorcer de son mari : dans les deux cas, ces femmes que l’on veut définir comme étant marginales sont très à l’aise financièrement et s’insurgent contre un système qui au fond ne leur déplaît pas. Odd Mom Out compte de bons moments de comédie et des personnages sympathiques, mais il s’agit seulement de la seconde série originale de Bravo et déjà on a l’impression que l’équipe créative etourne en rond…
SunTrap : comédie d’été
Woody était l’un des meilleurs journalistes clandestins jusqu’à ce qu’il soit trahi par un éditeur corrompu qui a lâché la police à ses trousses. Désormais, la seule personne à qui il fait confiance est son oncle et mentor Brutus qu’il retrouve en Espagne. Sa réputation le précédant, Donald Hammer (Allan Williams), un fraudeur notoire, le charge de retrouver un perroquet qui pourrait bien révéler des secrets compromettants s’il se mettait à parler. Dans le second épisode, une femme demande à Woddy de transporter une urne funéraire sur une autre île, mais il se rend compte qu’elle contenait de la drogue et non des cendres et dès lors tente de tout faire pour arrêter les revendeurs. Dans l’épisode suivant, Brutus se joint à une enquête impliquant des hypnotiseurs lors d’une convention annuelle organisée à cet effet.
D’emblée, il faut mentionner l’immense talent d’acteur de Kayvan Novak qui change d’accents comme il change de chemise et qui peut facilement passer pour un Anglais, un Arabe, un Italien, etc. Il y a aussi la personnalité du protagoniste qui séduit : ambitieux sans être narcissique et obstiné tout en ayant l’air d’être nonchalant. On a aussi droit à quelques moments d’humour bienvenus comme lorsqu’il se fait passer pour un éleveur d’oiseaux dans un zoo et que par la suite il doit démontrer ses supposées prouesses devant public ou encore lorsque lui et son oncle se réveillent inconscients dans des cercueils. Le problème est qu’en général, les mises en situation sont prévisibles, tout comme certains dialogues un peu trop bon enfant. On est loin des comédies auxquelles nous a habitués la BBC; un peu plus abouties et aux concepts mieux élaborés comme Peter Kay’s Car Share, W1A ou Detectorists. Au même titre qu’Hôtel de la Plage l’an dernier sur France 2, on a ici une série « B », très légère et qui ne devrait pas marquer l’histoire du diffuseur public.
Odd Mom Out a rassemblé 860 000 téléspectateurs lors de la diffusion de ses deux premiers épisodes et la semaine suivante, il en restait 60 000. À ce stade, une seconde saison est incertaine alors que l’autre série de la chaîne, Girlfriend’s Guide to Divorce, a attiré en moyenne 900 000 amateurs pour ses 13 épisodes et qu’elle a été renouvelée pour une seconde saison. De son côté, SunTrap a démarré avec 1,8 million de curieux; bien en deçà des attentes et qu’elle n’a pas non plus trouvé un certain erre d’aller les semaines suivantes. Gageons qu’au bout des six semaines, on n’en entendra plus parler.