Depuis ses balbutiements, le projet de NewB a déjà fait d'immenses progrès. Après une campagne préliminaire de recrutement de sociétaires, destinée à valider son concept, une deuxième phase plus opérationnelle lui permet d'atteindre aujourd'hui un total de près de 50 000 coopérateurs et un capital dépassant les 2 millions d'euros. Si son objectif principal reste d'obtenir une licence bancaire, elle a décidé de suivre en parallèle une stratégie de distribution de produits moins exigeants en matière réglementaire.
La carte qu'elle a présentée lors de son assemblée générale de juin 2015 est une concrétisation de cette approche pragmatique, qui la conduira à commencer à générer des revenus dès cette année. Naturellement, il ne s'agit pour l'instant que d'une solution prépayée, fournie par un partenaire britannique (Prepaid Financial Services), bien loin d'une véritable offre bancaire. Cependant, même avec un produit aussi basique, NewB parvient à lui faire incarner ses valeurs sociales et environnementales.
Tout d'abord, un des avantages intrinsèques d'une carte prépayée est que son porteur n'est jamais incité à dilapider son argent et à vivre à crédit. De la même manière, ce type d'instrument rend automatiquement les achats anonymes, protégeant de la sorte la vie privée du consommateur. À ces bénéfices standards, NewB promet d'ajouter des contrôles étendus, tels que la mise en place de plafonds de dépenses ou l'interdiction de payer pour certaines catégories de produits (par exemple de l'alcool, pour un mineur).
Dans le registre écologique, la carte est fabriquée dans une matière recyclable (à base de maïs). Et, surtout, elle comporte un système de mesure automatisée de l'empreinte environnementale des achats, inscrite sur les relevés de compte (je suis particulièrement heureux de voir une mise en œuvre de cette idée, qui me trottait dans la tête depuis plusieurs années !). Il ne restera plus qu'à introduire un programme de compensation des émissions de gaz à effet de serre afin d'en faire un outil complet…
Il faut encore ajouter quelques bonus à ce panorama, dont la possibilité de commander la carte dans les 10 principales langues du pays (il n'y a pas que le flamand, l'allemand et le français !), le versement de 5 cents à une bonne cause pour chaque transaction, un coût parmi les plus compétitifs du marché ou encore le reversement d'une petite prime annuelle en cas de non retrait d'espèces. Enfin, passage obligé en 2015, une application mobile est évidemment prévue pour accompagner ces services.
La carte (qualifiée de « Good Pay ») n'est qu'un début pour NewB, dont le choix a été déterminé par sa capacité à intéresser un maximum de coopérateurs. Si l'initiative est bien accueillie (l'ambition affichée est de capter 25 000 nouveaux membres), elle sera suivie d'autres produits conçus via des partenariats, par exemple dans les domaines de l'assurance ou des fonds éthiques. Les plans de constitution d'une véritable banque sont adaptés en conséquence, la montée en puissance progressive permettant de réduire les besoins en capitaux et, donc, la difficulté, par rapport au projet d'origine.
Avec ce premier produit, la révolution NewB a bel et bien commencé !