Distinguer, au sein de la multitude de signaux que nous recevons, les informations importantes des données non pertinentes, est une fonction cérébrale primordiale mais constamment en mouvement. Un processus qui se renouvelle en permanence, révèle cette équipe de neuroscientifiques de l’Université de Bâle qui montre, sur l’animal, que l’apprentissage mais aussi la distraction ou l’anticipation modifient constamment les réseaux neuronaux du cerveau qui vont analyser la pertinence d’une information. Cette réévaluation constante nous permet de passer à travers de la surcharge de stimuli de notre environnement.
Plusieurs recherches ont déjà cherché à définir le système qui, dans un environnement visuel encombré de données multiples et en constante évolution, nous permet d’ignorer certains stimuli non pertinents pour la tâche à accomplir. Une étude de l’Université Simon Fraser (Canada), publiée dans le Journal of Neuroscience a déjà expliqué comment notre cerveau, grâce à un mécanisme de suppression, évite d’être distrait par des informations non pertinentes alors que nous nous concentrons sur un élément ou une tâche donnée. Un mécanisme de suppression vient réduire également la saillance visuelle des éléments qui pourraient détourner de la tâche principale a également été décrit lors d’une récente étude de neuroscientifiques américains, publiée dans PLoS ONE. Enfin, citons cette étude de l’Université de Miami qui vient corréler le dysfonctionnement de ce même système de saillance à des troubles tels que l’autisme, la psychose, et la démence.
L’apprentissage : Le Professeur Sonja Hofer nous apprend que ce que nous percevons de notre environnement dépend aussi de notre apprentissage, précisément de ce que nous avons déjà vu et déjà appris. Un panneau de signalisation rencontré à de nombreuses reprises sera traité bien plus rapidement qu’une nouvelle donnée visuelle. C’est en travaillant, sur la souris, sur le cortex visuel, la zone responsable de la perception et l’interprétation des stimuli visuels, que les chercheurs constatent qu’en moins d’1 semaine, l’animal a appris à faire la différence entre différentes images et réagit en conséquence. L’apprentissage peut être observé à travers l’activité des cellules nerveuses du cortex visuel. Les réponses du cerveau aux stimuli visuels pertinents s’avèrent alors assez imprécis chez la souris qui les découvre, et bien plus prononcées après une semaine de formation.
La réaction : » De jour en jour, la réponse des neurones aux images devient de plus en plus reconnaissable et fiable« , expliquent les chercheurs. Une réponse qui suggère que le cerveau est alors capable de traiter les informations importantes de manière plus efficace et a développé une capacité à réagir rapidement aux stimuli visuels jugés pertinents.
La distraction : Les signaux internes ou externes affectent en permanence le traitement des stimuli visuels. Ainsi, la réponse aux mêmes stimuli visuels devient moins précise lorsque les souris sont engagées dans une autre tâche, impliquant d’autres types de stimuli, comme des odeurs par exemple. Alors les stimuli visuels perdent une partie de leur pertinence et sont analysés moins efficacement par le cerveau. L’anticipation d’une récompense peut aussi modifier l’activité des cellules cérébrales spécifiques. De nombreux signaux, internes ou externes vont influer sur l’analyse des données : Ainsi la récence d’un apprentissage, nos attentes ou le contexte peuvent avoir un grand impact sur notre perception visuelle et notre analyse de l’environnement.
Source: Neuron 5 June 2015, doi: 10.1016/j.neuron.2015.05.037Learning Enhances Sensory and Multiple Nonsensory Representations in Primary Visual Cortex
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