En ce jour d’hommage au baryton Franck Ferrari, l’Opéra Garnier tient à faire perdurer l’esprit lyrique et baroque à travers une représentation en trois actes d’Alceste de Christoph Glück, revisitée par le metteur en scène Olivier Py.
Déjà donnée en Avril 2013, dans la même enceinte de Garnier. Une mise en scène qui laisse place à une succession de performances de dessin, à plusieurs artistes réalisés, à la hâte mais avec brio, à la craie sur des ardoises géantes de décors évoquant ça et là l’univers de l’Opéra Garnier et de la vie parisienne ainsi qu’une connotation funèbre puisque les couleurs privilégiées sont le noir et le blanc pour les costumes, ainsi que l’ensemble de la scénographie imaginé par Olivier Py, venant appuyer le coté lugubre de cet Opéra interprété en français (bien que naturellement la version originale soit germanique).
Prestation menée d’une main de maître par l’omniprésente Alceste incarnée par la puissance vocale de la soprano Véronique Gens, illustre interprète baroque et mozartienne, qui exprime toutes les variations émotives de son personnage, tel un marathon. Le tout ponctué de la succession de ces dessins grandeur nature et de mots clés tracés sur un angle de la scène de quoi nourrir la réflexion du public.
Un élément du décor avant le lever de rideau (Crédits: Alexandre Plateaux)
Le tout venant appuyer la noirceur de cette thématique gravée à la craie puis effacée telle des oeuvres éphémères au gré de l’évolution de la composition, comme pour rappeler le côté friable de l’existence. Un choeur dirigé par Christophe Grapperon, d’une vingtaine de choristes vêtus comme pour assister à une oraison funèbre occupe l’espace de la scène et apporte la touche collective complémentaire aux personnages à forte aura.
En réponse à Alceste, le ténor Admète, qu’incarne le solaire Stanislas de Barbeyrac ainsi qu’Apollon, vécu par le basse Tomislav Lavoie, assurent un échange impeccablement abouti, à la hauteur des autres protagonistes de cette tragédie, dont nous pouvons noter la solennité du Grand Prêtre d’Apollon, à savoir le baryton Stéphane Degout, ou encore la juvénilité de Manuel Nuñez Camelino en Evandre. Une tragédie aussi hellénique qu’urbaine de par les différentes scènes autour d’une table de réjouissances, de chorégraphies notamment d’un danseur grimé de la tête aux pieds d’un collant noir et symbolisant la Mort rôdant en mouvement autour des actes l’ayant provoqué, notamment du lit d’agonie aux couleurs cliniques, du Roi Admète.
Des incursions surviennent au fil du temps pour nous surprendre et nous faire passer un inoubliable moment d’Opéra, soutenu par l’orchestre des Musiciens du Louvre de Grenoble, plus que convaincant en baroque, que l’on retrouve même temporairement au devant de la scène du chef Mr. Minkowski, un élément supplémentaire à l’aspect spectaculaire de cet Alceste du crû 2015.
À l’Opéra Garnier, Paris.
Les 16, 18, 20, 23, 25, 28 juin, 1er, 5, 7, 9, 12, 15 juillet 2015.
Le salut final (Crédits: Alexandre Plateaux)