Concert de piano et les familles
Chapitre 2 Histoire complète.
Malgré le charme et l’ivresse de cette rencontre artistique, je suis intimidé lorsque je me présente à ce concert. Trop de familles. Trop de bonheur au pouce carré. Je m’assieds dans le fond de la salle. Je ne veux pas déranger cet échange de bonheur et de plaisir. C’est comme si j’avais peur de déranger cette rencontre familiale et d’être un oiseau de malheur. Après tout, qui aime entendre parler de suicide ou de problèmes sociaux un dimanche après-midi?
Il m’est arrivé à l’occasion d’avoir à faire des interventions auprès de jeunes qui provenaient de familles très aisées et connues. Des jeunes en rupture familiale. La dernière chose que ces familles voulaient avoir dans leur vie était un travailleur de rue qui pouvait leur rappeler ce que leur enfant ou leur proche pouvait vivre. Peut-être avaient-ils peur que je prononce publiquement le nom de leur glorieuse famille? Je ne sais pas. Je crois que je paye encore le prix pour cette aide apportée. En temps de crise, je suis le premier qu’on appelle. Quand la crise est passé, je suis le premier qu’on veut voir aux oubliettes.
Une autre explication de mon malaise provient sûrement de mes débuts à titre d’intervenant. J’ai débuté comme intervenant de crise auprès de personnes suicidaires. Je me sentais à l’aise d’intervenir avec quelqu’un qui était en crise. Au stade où en était la personne, si personne d’autres n’avaient pu intervenir avant, je ne risque rien de faire du mieux que je peux. Mais pour quelqu’un qui va bien dans sa vie, est-ce que mon intervention va être adéquate? Si je prends la parole devant des jeunes qui vont bien, vais-je être aidant pour eux?
Les étudiants de Ginette étudient le piano classique. Quand Ginette nous présente et parle de nous à ces étudiants, c’est une façon pour elle de faire réaliser à ces jeunes que la société est composé de personnes et de milieux de vie différents. Qu’il y a des jeunes qui la vivent plus durement que d’autres. Une façon de les sensibiliser aux différentes réalités sociales qui font parti de notre quotidien.
Merci à Ginette, Normand, Soeur Marie-Paule, Dylan, Arnaud, Laurence R., Marianne, Noah, Noémie, Geneviève, Audrée, Karyne, Laurence D., Laurence T.L., Carl, Élisabeth, Hugo, François, Nadine et tous les parents et amis présents à cette magnifique journée.
À suivre… Chapitre 3 Les causes sociales
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