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Comme à chaque concert qu’elle organise, Joëlle s’affaire, vérifie que tout soit en place pour accueillir les musiciens et les spectateurs. Car son objectif est double: promouvoir de jeunes musiciens africains et récolter des fonds pour la quatrième pompe à eau qu’elle implante sur le continent africain et après Kaedi en Mauritanie, trois à Gwediawaye. Celle-ci fournira au bidonville de Malika de l'eau potable.
Un lieu insalubre avec un taux de mortalité qui explose, faute d’hygiène; et l’eau est un bien précieux, comme le souligne Joëlle Nighersoli "celui qui détient l’eau détient le pouvoir, aussi pas question de voir quelqu’un s’emparer de la pompe à eau" et toutes les heures ou presque, Moustapha Niang qui possède sa propre structure à Dakar et qui travaille en partenariat avec les Boubous, effectue des rondes pour s’assurer que tous aient un libre accès à ce point d’eau.
Pour chacune des pompes l’association débourse près de 800€ et veille à ce que ce soient des maçons issus des bidonvilles où elles sont implantées, qui aient la charge des travaux. "Une pompe venant d’Europe à la première panne serait inutilisable à jamais. Or, là elle est réalisée avec les moyens dont disposent les autochtones", explique Joëlle.
En 5 ans l’association a réalisé des miracles, portée par l’énergie de sa fondatrice qui a soulevé des montagnes, bousculé des pratiques qu’elle jugeait inacceptables, forcé les porte, y compris les plus fermées et interdites à une femme blanche. Mais aussi multiplié les partenariats avec les acteurs locaux, crèches, l’hôpital de Dakar; s’impliquant inlassablement dans de nombreux projets.
Cela remonte à quelques mois. La garderie communautaire de Guediawaye était menacée de fermeture pour cause d’insalubrité. "Mass Diouf son directeur nous a appelé à la rescousse et en l’espace d’une journée nous avons, repeint, désinfecté les locaux, et surtout éradiqué l’odeur pestilentielle qui se dégageait des toilettes auxquelles les enfants n’avaient plus accès, car un voisin indélicat s’était approprié une partie de la maison. Et là, je n’ai rien pu faire" constate Joëlle.
Des moments difficiles, décevants parfois, mais pour rien au monde, elle ne pense remettre en question son action auprès des enfants: "en souvenir de Boubou" ajoute-t-elle, le petit garçon mauritanien atteint d’une malformation cardiaque et qu’elle a accueilli chez elle pendant de longs mois. Elle sera contrainte de le rendre aux autorités mauritaniennes, faute de visa. Celui-ci arrivera trop tard, comme la voiture roulant a vivre allure et qui ne parviendra pas à sauver Boubou.
Un choc dont elle aura toutes les peines à se relever, mais finalement elle rebondira avec plus de forces: "le village de Boubou était en face de Saint-Louis au Sénégal. Ce qui m’a permis de franchir le fleuve. Là mon association a été contactée par des structures de Dakar" raconte Joëlle. "Il n’était plus là, mais on a décidé de poursuivre le combat, lui qui nous disait "je veux être Président Obama". Son visage d’enfant imprimé sur une carte d’Afrique est devenu l’emblème de l’association".
Ils errent dans Dakar a recherche de passants qui voudraient bien leur faire l’aumône, qui le plus souvent détournent le regard, mal à l’aise de voir de très jeunes enfants dans le dénuement le plus absolu. Car personne n’est dupe, les talibés, littéralement les jeunes étudiants d’écoles coraniques, sont les esclaves des temps modernes qui mendient pour le compte des marabouts qui vivent grassement à leurs dépens. Et au Sénégal, c’est notoire!
Mais il y a un homme qui n’a pas détourné le regard, Moustapha Diang. "Un jour il m’a appelé car de chez lui on voyait un trou à rats, insalubre dans lequel s’engouffraient des enfants." Pour des raisons religieuses, Moustapha ne peut pénétrer dans les Daara. Qu’à cela ne tienne, Joëlle fait appel à Mass Diouf, directeur de la garderie communautaire de Guediawaye. "Ce que nous y avons vu, dépassait l’entendement. Des enfants couchaient à même le sol, dans leurs excréments. L’un d’eux, Moussa était mourant, car il faut savoir que le choléra sévit dans les daaras. Nous l’avons emmené chez le médecin, qui l’a sauvé!"
Depuis Joëlle et Moustapha veillent à leur apporter les soins.
Tout récemment ils sont allés de daara en daara pour les soigner contre la gale. Mais cela demeure insuffisant et le prochain combat de Joëlle pour soustraire ces talibés à l’influence des marabouts, sera la création d’un village avec une grande école qui les accueillera en internat. Car pour Joëlle la lutte contre la pauvreté passe par l’enseignement de leur culture, l’apprentissage d’un métier afin de subvenir à leurs besoins, dans la dignité. Elle en est consciente: "la route est longue et semée d’embûches", mais donner un avenir à ces enfants est un défi qui mérite d’être relevé!