Magazine Beaux Arts
Le Consoloir de Sylvie Cotton fait partie de ces oeuvres contemporaines qui réinventent, pour moi, le portrait dans l'éclatement, la fragmentation. Dans cette oeuvre, Sylvie Cotton fait l'inventaire des objets de sa maison en les décrivant sur 250 fiches. Est-ce un autoportrait? Un portrait collectif, du quotidien, des lieux domestiques? Le portrait de notre désir de conservation?
«Le consoloir est une œuvre qui pose la maison comme lieu intime de collectionnement et d'attachement aux objets. Au moyen de la méthodologie de l'inventaire, j'ai dressé la liste objective de tous les objets que je possédais et gardais chez moi et j'ai entrepris de les archiver sur des fiches individuelles. L'archivage contient trois sections : la description visuelle par le dessin, la description formelle ou matérielle, puis la description de mon lien à l'objet. Cette dernière section devient le récit d'une affectivité relationnelle investie dans l'objet, car il renvoie effectivement à des personnes, à des histoires, à des souvenirs. Le projet a été mené en 1992 pendant une année entière et rassemble 250 fiches et autant de dessins et d'histoires. Comme les objets bougent, le projet est impossible à boucler, à moins d'être l'unique projet d'une vie. Il reste donc inachevé ou, selon un autre point de vue, il n’est représentatif que d'un segment de mon existence. L’intention derrière Le consoloir était de rapprocher la démarche sociale de la muséologie et l'activité domestique de la conservation, les deux phénomènes justifiant des valeurs d'affects souvent tues ou ignorées par la manière dont on écrit l'histoire, la petite comme la grande.»
Sylvie Cotton
Source: http://www.sylviecotton.com