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CULTURE - L'écrivain et critique d'art, Denys Zacharopoulos, s'exprime sur la crise sociale et politique en Grèce. Directeur artistique du Musée macédonien d'art contemporain de Thessalonique depuis 2006, il s'est installé à Athènes après avoir mené une carrière au sein des institutions artistiques françaises.
Denys Zacharopoulos a été commissaire de la Documenta IX à Cassel et du pavillon français à la Biennale de Venise en 1999, conseiller du Fonds National d'Art Contemporain (FNAC) et inspecteur général de la Création à la délégation aux Arts plastiques. Pour le critique d'art engagé dans la vie de la cité, les artistes grecs se trouvent aujourd'hui face à un double désarroi: d'un coté partager une crise comme tout citoyen qui a vu ses revenus diminuer de 30 à 60% dans un pays où le secteur public peine à exister; de l'autre, se retrouver seuls face à une opinion publique qui attend d'eux qu'ils soient les témoins de situation. "Or l'art consiste à déplacer les points de vue et les perspectives, précise t-il, et non à confirmer en permanence ce que l'on sait déjà, ce que l'on reconnaît."
"il faudrait avoir les moyens d'y opposer des positions et des œuvres qui résistent aux événements du moment, qui posent des questions et qui travaillent l'entêtement des artistes et non pas le papillonnage du marché..."
Vue des œuvres de la collection du Musée Macédonien d'Art Contemporain, de gauche à droite: Adrian Schiess, ELiseo Mattiacci, Michel François, René Bertholo, Xavier Noiret-Thomé, Mario Prassinos, Takis, Pino Pascali, Dikos Byzantios, Dennis Oppenhein, Achille et Georges Aperghis, Martial Raysse. Copyright: Boris Kirpotin
"Les artistes grecs continuent à nous surprendre! Ce sont d'ailleurs les rares membres de nos communautés qui peuvent le faire. C'est une façon de lutter, car l'absence de surprise pourrait être la définition du désarroi", confie Denys Zacharopoulos. Un constat: la Grèce est victime de l'absence de secteur publique organisé. La crise des musées et de toutes les institutions artistiques grecques -comme aussi les écoles d'art qui permettent à la fois de soutenir la création, de permettre les ruptures artistiques et de les inscrire dans un contexte historique- ne date pas d'aujourd'hui. "On évoque dans la presse trop souvent les mécènes à la place des artistes, les prix à la place des œuvres, le goût à la place de la création artistique...".
Comme la plupart des musées en Grèce, le musée macédonien d'art contemporain de Thessalonique est en grande difficulté. Sa particularité : une chaine de solidarité entre les personnes qui y travaillent, les citoyens qui l'ont fondé, et les collègues et amis d'autres musées, qui constitue un espoir. De nature optimiste, Denys Zacharopoulos, évoque la nécessité d'une meilleure rationalisation. Dans un sourire, il conclut : "C'est le propre de l'optimisme que d'exister, sinon ce serait le pessimisme des confirmations permanentes et de l'absence de vision et de rêve..."
> Visiter le site du Musée d'art contemporain de Thessalonique
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