D’aussi loin que je me souvienne, il a toujours plu le dix-huit juin. Sauf peut-être il y a deux ans, j’avais fait du sorbet à la fraise, on avait posé une bougie dessus, et on l’avait soufflée au jardin.
La vie ne laisse pas de place au hasard : cette enfant est l’enfant de la pluie, l’enfant de mes larmes. L’enfant des adieux, à l’insouciance, au vide, à la facilité, à la vie sans y penser. En même temps qu’elle je suis née, libre, forte, droite. Avec elle j’ai appris qu’on se relève quand on tombe. Et qu’on peut très bien marcher les genoux et les mains écorchés. Avec elle j’ai appris à grandir, j’ai appris à rire. Et qu’on peut très bien chanter quand la vie est méchante.
Elle m’a confié le plus joli rôle de ma vie et chaque jour inlassablement je répète ma partition, avec autant de fausses notes, de couacs et d’égarements qu’au premier jour. Mener le bateau et rester son rivage. Couper les amarres et rester son port d’attache.
Alors au diable les yeux au ciel, les épaules qui se lèvent, les portes qui claquent, cette insouciance que je t’envie parfois malgré moi, les réconciliations deux point zéro, dansons encore une fois sous la pluie veux-tu?