Malgré le temps qui passe, malgré le niveau qui baisse, malgré les crises de l’enseignement public, l’examen du baccalauréat français deemeure quand même un véritable mythe!
Surtout, l’épreuve de philosophie !
Ce moment de la vie du lycéen français demeure le test le plus important avant qu’il passe éventuellement à l’enseignement supérieur! Même pour les lycéens des sections scientifique ou économique et sociale ! Et forcément pour les bacheliers littéraires!
Chaque année, je renouvelle mon plaisir à lire et à essayer de réfléchir sur les différentes épreuves de philosophie proposées aux jeunes français et chaque année je renouvelle mon regret de voir que nos jeunes n’ont jamais l’occasion de réfléchir et de donner leurs avis sur ce genre de sujets!
Pour la session de cette année, les futurs bacheliers français ont eu à disserter sur des sujets aussi variés que le sens que peut avoir une œuvre d’art ou l’exigence de vérité en politique!
Des sujets proposés sont d’une extrême actualité même pour un pays comme le nôtre : si les jeunes marocain/es avaient l’occasion de cogiter sur ce genre de problèmes, des polémiques stupides comme celles nées à propos du dernier film de Nabil Ayouch n’aurait pris la tournure qu’elle a pris et les partis politiques seraient le réceptacle normal des aspirations de la jeunesse.
Les sujets traités par les bacheliers scientifiques abordent la relation entre la conscience de l’individu et la société dans laquelle il vit et l’apport de l’artiste dans la compréhension du monde : encore une fois, les jeunes marocai/es auraient tant à dire sur ces deux sujets!
Les littéraires ont eu à plancher sur le respect dû à tout être vivant ou sur l’influence du passé sur l’individu! L’actualité immédiate dans notre pays est en lien direct avec le premier sujet : la manifestation, fort courue, organisée dimanche dernier à Casablanca, suite à la mutilation du chien RAY, s’inscrit dans la droite ligne de cette problématique. Le second sujet aurait pu faire réfléchir beaucoup de nos jeunes qui sont en perte de repères et en quête d’eux-mêmes.
Je me contenterai de citer les auteurs dont les textes ont été soumis cette année à l’analyse des candidats bacheliers français : Confucius (qui chez nous connait ce maître à penser chinois), Spinoza le philosophe hollandais du XVIIème qui avait écrit une exégèse rationaliste de la Bible et Tocqueville le penseur français libéral du XIXème siècle.
Et comme chaque année, je me lamente sur l’incapacité de nos bacheliers d’être confrontés à de tels sujets et je me dis que quand le baccalauréat marocain donnera aux jeunes l’occasion de disserter en toute liberté sur des sujets de société ou sur des problèmes d’éthique ou de morale, ou quand ils pourront analyser en tout esprit critique des textes de Al Maari, Taha Husseien ou autre Ibn Rochd, nous pourrons prétendre que l’enseignement marocain est sorti du tunnel!
Et encore une fois, il ne reste que des regrets à formuler et des criques à égrainer!
Que cela ne nous empêche pas de nous souhaiter un bon Ramadan ! Que ce mois apporte à tous la paix et la sérénité qui manquent tant à notre monde!