3,2 millions de décès prématurés chaque année, plus que l’impact combiné du sida et du paludisme, c’est l’estimation du poids sanitaire (ou d’une partie seulement) des micro-particules PM2,5 présentes avec la pollution de l’air. 2,1 millions de ces décès pourraient être évités sous condition de respecter les lignes directrices mondiales sur la qualité de l’air, estime aujourd’hui cette large étude de l’Université du Texas. Mais attention, il ne s’agit pas pour y parvenir d’améliorer la qualité de l’air seulement dans zones très polluées mais partout où les limites sont dépassées. Ces données, sous forme d’alerte, sont présentées dans la revue Environmental Science and Technology.
Ce bilan est issu d’un modèle, développé par une équipe de génie de l’environnement et de chercheurs en santé publique, permettant d’estimer l’impact de la pollution de l’air extérieur sur l’incidence de grands problèmes de santé (comme la crise cardiaque, l’accident vasculaire cérébral et le cancer du poumon). Sur le même principe, le modèle permet également d’estimer le nombre de vies sauvées en réduisant les niveaux de pollution. L’exposition à ces microparticules a déjà été associée à un risque accru de crise cardiaque, d’AVC et autres maladies cardiovasculaires, de maladies respiratoires telles que l’emphysème, de cancer et de certains troubles neurologiques. En France, une étude de l’Inserm a même estimé leur coût économique à 1 à environ 2 milliards d’euros/an, soit 15 % à 31 % du déficit de la branche maladie du régime général de la sécurité sociale.
Les chercheurs se sont concentrés sur les effets déjà bien documentés des microparticules PM2,5 celles qui pénètrent profondément dans les poumons, à partir des données de la cohorte Global Burden of Disease (2010), d’estimations des concentrations de PM provenant de mesures sur le terrain, d’observations satellitaires et de modèles de pollution de l’air. Ils ont pris en compte les lignes directrices de qualité de l’air de l’OMS.
Les premières conclusions sont que,
· la plupart d’entre nous vivons dans des zones où les concentrations de PM sont bien au-dessus des limites des lignes directrices soit 10 microgrammes par m3,
· Certaines régions du monde, en Inde et en Chine dépassent 100 μg/m3.
· Il existe un potentiel important de réduction de la mortalité de PM dans les régions les plus polluées du monde : le respect des normes de l’OMS pourrait éviter jusqu’à 1,4 millions de décès prématurés par an dans les zones polluées comme la Chine, l’Inde et la Russie.
· Les risques pour la santé liés à la pollution vont augmenter, à niveaux de pollution constants. En cause, le vieillissement et la vulnérabilité croissante des populations. Ainsi le modèle estime une hausse des décès » par » pollution de 20 à 30% ces 15 prochaines années en Inde et en Chine.
Plus surprenant, il y a aussi un grand potentiel de réduction de la mortalité en améliorant la qualité de l’air dans les régions les moins polluées du monde (Amérique du Nord et Europe). Ce potentiel est estimé à plus de 750.000 décès.
Source: Environmental Science and Technology June 2015 DOI: 10.1021/acs.est.5b01236
Addressing Global Mortality from Ambient PM2.5
Lire aussi:
POLLUTION: Ses particules pèsent pour plus d’1 milliard d’euros -
POLLUTION: Les fœtus ont besoin de bon air pour grandir –
POLLUTION: Elle ronge le cerveau par mini-AVC -