Les chercheurs du Centre de génétique de Louvain (Belgique) rappellent que le dépistage prénatal non invasif des anomalies chromosomiques fœtales est de plus en plus largement utilisé. Rappelons que la technique reste encore à élargir en France car cette alternative non-invasive à l’amniocentèse reste aujourd’hui réservée aux mamans à risque élevé de mettre au monde un enfant atteint de maladie génétique. Son principe, l’analyse de l’ADN du fœtus dans le sang de la mère qui permet de réduire le risque de fausse couche, pourrait être appliqué simultanément à la détection de mutations spécifiques à certains cancers.
Ces chercheurs confirment ici que le test est bien capable de détecter des cancers maternels à stade précoce, avant l’apparition des premiers symptômes et durant cette période particulière, la grossesse, au cours de laquelle les signes du cancer peuvent passer plus inaperçus. Le Pr Nathalie Brison, chercheur au laboratoire de cytogénétique clinique du Centre de Louvain et son équipe souhaitaient améliorer, au départ, la précision de la détection de la trisomie 21, soit limiter encore le taux de faux-positifs. En poursuivant cet objectif, l’équipe s’est rendu compte qu’elle avait sur un échantillon de 6.000 grossesses, identifié 3 anomalies génomiques différentes chez 3 femmes, » des anomalies qui ressemblaient à celles identifiées dans le cancer « .
3 cancers détectés : L’équipe a alors orienté ces patientes vers l’unité d’oncologie. Les examens suivants vont révéler 3 cancers différents à stade précoce chez ces 3 femmes: un cancer de l’ovaire, un lymphome folliculaire et un lymphome de Hodgkin, des cancers, qui avaient peu de probabilité d’être détectés car asymptomatiques, et dont les symptômes auraient pu être masqués par les symptômes de la grossesse. Enfin, 3 cancers à mauvais pronostic.
- 2 des 3 femmes diagnostiquées ont été traitées et l’une d’elle, traitée durant la grossesse, a donné naissance à une petite fille en bonne santé. La troisième patiente présentait une forme peu agressive qui ne méritait pas d’être traitée à court terme. Cette découverte apporte la preuve de la capacité de ce type de tests à détecter certains cancers maternels à stade pré symptomatique, mais aussi à mesurer la réponse au traitement dès après la première administration de chimiothérapie.
Enfin, elle peut contribuer au débat éthique sur la généralisation de ces tests, l’élargissement de leur champ de dépistage et l’information des patientes sur de telles découvertes fortuites.
Source: JAMA Oncology June 05, 2015 doi:10.1001/jamaoncol.2015.1883 Presymptomatic Identification of Cancers in Pregnant Women During Noninvasive Prenatal Testing