Synopsis : Grâce aux encouragement et à l'obstination de leur professeur principale (Ariane Ascaride), des adolescents d'un lycée de banlieue parisienne découvrent l'histoire de la résistance et de la déportation en se portant candidat à un concours national. Ils travailleront tous ensemble à l'aboutissement de ce projet dont la réussite fera basculer leur vie.
Critique du film : Né d'une rencontre entre la réalisatrice Marie-Castille Mention-Schaar et Ahmed Dramé (scénariste, acteur et protagoniste de l'histoire), Les Héritiers raconte l'histoire vraie d'une classe de lycée amenée à candidater au Concours National de la Résistance et de la Déportation grâce à l'obstination et à la volonté de leur professeur émérite, interprété par Ariane Ascaride.
Critique du Blu-Ray : Le premier bonus, un making-of (25 min), outre une présentation de tous les " personnages " du film (acteurs professionnels, amateurs, personnes réelles qui ont inspiré le film...), est un rapide éclairage sur le rôle initiateur d'Ahmed Dramé, " vrai " ancien élève, et gagnant du Concours National de la Résistance, qui interprète Malik dans le film.
C'est en effet grâce à un mail qu'a envoyé ce tout jeune acteur - à qui l'on prédit un grand avenir dans le cinéma - à la réalisatrice que ces Héritiers ont pu voir le jour.
On apprend également dans ce making-of que le film était initialement intitulé La Morale de l'Histoire. Quelle est d'ailleurs la morale de ce film ? Y en a-t-il une ? Est-il nécessaire d'en chercher ? La réalisatrice a l'élégance de laisser ces questions en suspens, dans le film comme dans le making-of. En revanche, nous aurions bien aimé savoir pourquoi ce titre initial a été abandonné.
Durant ces 25 minutes, si l'ensemble des comédiens a sa place, Ariane Ascaride est légèrement trop " starisée " : au moment de quitter le tournage, par exemple, son départ est montré comme un " au revoir " déchirant, comme si le film ne tenait que sur ses épaules alors que, comme on nous l'explique, le personnage principal des Héritiers est bien la classe, le groupe d'élèves, et non une personne en particulier.
Il y a, dans certains making-of, des moments de grâce où la fiction dépasse la réalité. C'est le cas à deux reprises ici. D'abord, quand la réalisatrice, Marie-Castille Mention-Schaar, se retrouve dans le rôle de professeur obligée de calmer ses élèves/acteurs (pourtant âgés de près de 25 ans pour certains !) en plein chahut. De même, lors de l'intervention de l'ancien déporté Léon Zyguel, la réalisatrice demande aux jeunes acteurs d'oublier qu'ils sont en train de tourner un film et d'écouter, tout simplement. On comprend alors pourquoi ce passage est indubitablement le plus émouvant et le plus beau du film : les larmes que l'on voit à l'écran ne sont pas jouées, et, par conséquent, les nôtres non plus.
Le deuxième bonus, les scènes coupées (17 min), a peu d'intérêt si ce n'est de nous montrer que le personnage de Mme Gueguen (Ariane Ascaride), aurait pu être plus approfondi : de nombreuses scène avec sa mère, notamment, ont été coupées. Le film en aurait été différent et c'est peut-être mieux ainsi. Encore une fois, c'est bien la classe qui tient le rôle principal des Héritiers, et non le professeur.
Le troisième bonus est le témoignage de Léon Zyguel (45 min). Décédé le 29 janvier 2015, cet ancien déporté était venu raconter son histoire devant les élèves d'Anne Anglès (la professeur originelle et originale) : la réalisatrice des Héritiers a donc tenu à ce qu'il vienne jouer son propre rôle devant les acteurs/élèves d'Ariane Ascaride.
En toute simplicité, avec pudeur, sincérité et parfois une pointe d'humour malgré l'horreur, Léon Zyguel livre son expérience du camp d'Auschwitz, devant un public de jeunes gens en larmes. L'émotion traverse aisément l'écran.
Les anecdotes qu'il partage font tomber les masques des personnages, il n'y a plus d'acteurs, plus de réalisateur ou de techniciens, simplement des personnes qui écoutent attentivement les souvenirs encore vifs d'un vieil homme de 87 ans, dont le sens du récit fait revivre devant nos yeux ce garçon de 15 ans tombé dans l'horreur.
Grand moment du film, ce témoignage intégral est aussi le grand bonus de ce DVD : avec Nuit et Brouillard (Alain Resnais), La Vie est Belle (Roberto Benigni) et Shoah (Claude Lanzmann), ce témoignage peut enrichir la palette d'images à montrer aux élèves lors des cours d'histoire sur la seconde guerre mondiale.
Pour se souvenir que nous sommes tous les héritiers de cette Histoire.
- Le DVD et le Blu-Ray sont disponibles chez TF1 Vidéo depuis le 1er avril 2015