Longtemps présentée comme une répétition, voire une forme de déclin, de la sculpture grecque antique, la sculpture romaine est reconnue depuis le XIXe siècle comme un objet d'étude à part entière. Elle présente la particularité de refléter davantage la volonté de ses riches commanditaires que la personnalité artistique des artistes, essentiellement des esclaves et des affranchis : on connaît peu de noms de sculpteurs romains. Elle regroupe des œuvres provenant d'horizons géographiques très différents, de l'Atlantique à l'Asie, et s'étalant sur une durée très longue, de la fondation mythique de Rome en -753 aux débuts de l'Empire byzantin. Ses domaines de prédilection ont été le portrait et la sculpture narrative.
Sarcophage du IIIe siècle avant JC
Les matériaux
Du fait de l'influence étrusque, les premiers matériaux utilisés par la sculpture à Rome sont la terre cuite et le bronze. Cependant, les artistes tirent rapidement parti d'un matériau très facilement accessible dans la région, le tuf calcaire ou travertin. À partir du IIe siècle avant JC, les sculpteurs romains commencent à utiliser des pierres venues de Grèce, principalement le marbre du Pentélique et celui de Paros. À l'époque de Jules César, l'ouverture des carrières de marbre de Luna (actuelle Carrare) bouleverse les habitudes des artistes : désormais, la majorité des statues et des monuments de la cité même de Rome seront réalisés dans ce matériau, le marbre de Carrare. Les œuvres plus modestes réalisées dans les provinces utilisent généralement des ressources locales. Le goût pour les pierres de couleur comme le granit gris ou le porphyre se développe sous les Flaviens (fin du Ier siècle).
La majorité des œuvres sculptées parvenues jusqu'à l'époque moderne sont en pierre. Il est donc difficile d'évaluer la part originelle des sculptures en bronze ou en métaux précieux (or, argent), dont la plupart ont été refondus pour récupérer le matériau de départ.
Influences étrusques et grecques
Les Romains ont été de grands amateurs de sculpture, mais à la création ils ont souvent préféré piller les chefs-d'œuvre grecs ou les copier. On ne saurait cependant négliger leur apport à la sculpture mondiale par le sens de l'histoire qu'ils lui ont insufflé, non plus que l'importance de la tradition étrusque. Les Étrusques avaient l'habitude de décorer leurs urnes funéraires de grandes figures en terracotta (terre cuite) polychrome. Le Sarcophage des Époux montre des visages précisément observés et présente une tendre image du couple humain (et le désintérêt des proportions anatomiques dans l'esthétique étrusque). L'Apollon de Véies (vers 500) prouve, quant à lui, « l'influence de l'art grec » sur les artistes étrusques. Ces éléments de décor en terre cuite montrent bien que les modèles grecs pénètrent donc à Rome par l'intermédiaire d'artistes de tradition étrusque.
La sculpture romaine s'est largement inspirée des modèles de sculpture grecque. C'est grâce à des copies romaines que l'on connaît de nombreux originaux grecs aujourd'hui disparus. C'est surtout la Grèce de la période classique (499-336 avant JC) qui a eu une grande influence sur les statues romaines, pour les styles, les techniques et les matériaux utilisés.
Ara Pacis, Ier siècle avant JC
Pour autant, la sculpture romaine n'est pas qu'une simple répétition : elle décline les modèles en d'infinies variétés, créant des œuvres originales à partir de l'ancien. De plus, les influences de la sculpture romaine ne se limitent pas à l'époque classique. Dès le Ier siècle avant JC, de nombreuses œuvres dites "archaïsantes" s'inspirent des statues et reliefs de la période archaïque (VIe siècle avant JC). Enfin, l'art de la période hellénistique survit à Rome, où revivent les différents styles des IIIe et IIe siècles avant JC.
Contrairement à ce que pensaient les premiers archéologues, les statues romaines, de même que les grecques, étaient polychromes. Les Romains utilisaient soit de la peinture soit le mélange des matériaux (marbre et porphyre par exemple) qui était utilisé presque uniquement par les Romains en raison de son coût.
L'originalité de la sculpture romaine
En reprenant les formes et les savoir-faire de la sculpture grecque, la sculpture romaine s'en distingue par de nombreux aspects.
Le portrait aristocratique : Les aristocrates aiment à regrouper, dans les armoires de leur atrium, les portraits de leurs ancêtres. Ce sont des images en trois dimensions, en cire, en plâtre ou en terre cuite, qui permettent de représenter la généalogie de la famille. À l'occasion de grands événements, comme des enterrements ou des triomphes, le maître de maison sort sur le pas de sa porte pour y exposer, à la vue de tous, ces portraits. Ces portraits aristocratiques appuient sur les traits de l'âge, et cherchent à rendre l'image d'un personnage dur, sévère. Ils sont à liés avec les idéaux moraux de l'aristocratie de sévérité, de responsabilité et d’économie. Ils ne cherchent pas à transmettre un véritable un portrait, ou une émotion. Ces portraits sont beaucoup plus près de la caricature, de quelque chose d'assez artificiel. Il y a quelque rares portraits féminins qui suivent les mêmes principes.
Le portrait hellénistique : En réaction à l'appropriation par les esclaves affranchis des codes du portrait aristocratique, l'aristocratie s'inspire alors des portraits hellénistiques. Si on retrouve des caractéristiques du portrait aristocratique, on retrouve une recherche d'expression de souffrance, d’inspiration, avec la tête légèrement de côté, la chevelure très vivante, les yeux levés au ciel, la bouche un peu entrouverte...
Mars de Todi - Ve siècle avant JC
Le portrait impérial : Il est révélateur d'un programme politique. Ainsi, Auguste trouve l'inspiration dans la Grèce de l’Époque classique. Son visage est complètement idéalisé, impassible, jeune (il sera d'ailleurs surnommé « l'empereur qui ne vieillit pas ») car il veut faire comprendre au peuple qui est derrière lui qu’on est dans une période nouvelle, qu’il choisit une voie médiane en s’installant dans le classicisme. Lors de la dynastie Julio-claudiene avec le portrait de Tibère, on garde quelque chose de relativement semblable et classique. De même pour l'empereur Caligula. Pourtant, on commence à avoir quelque chose de différent. La bouche fait une sorte de moue, très particulière. À l'époque de Claude, on a une véritable rupture par rapport au portrait augustéen. Il est d'ailleurs connu pour ses défauts physiques, et il va se faire représenter avec eux. Vespasien a recourt au portrait aristocratique en guise de gage politique envers l'aristocratie. Sous les Antonins, le portrait est assez lisse, mais personnalisé, assez classicisant. Marc Aurèle en est la meilleure représentation.
Les corps : Avec les corps, on procède tout à fait différemment. Le corps se doit d’être beau. Il y a cependant parfois des exceptions, notamment dans le domaine funéraire, où des symboles liés à la mort et au domaine funéraire se glissent dans la représentation.
Les reliefs publics romains concernent les monuments érigés par les empereurs romains (tels que la Colonne Trajane, l'Ara Pacis d'Auguste, l'arc de triomphe de Titus sont tous marqués par le goût romain pour les représentations quotidiennes, les scènes familières et les anecdotes.
D'après Wikipédia