Waterloo, est-elle toujours une morne plaine deux siècles après ?

Publié le 18 juin 2015 par Pierre Thivolet @pierrethivolet

Napoléon dévorant l'Europe, vu par les anglais.

Toute l’Europe commémore les 200 ans de la bataille de Waterloo. Toute l’Europe ? Non, les français sont absents. C’est curieux parce que depuis quelques mois, François Hollande passait son temps, en tout cas, beaucoup de son temps, à commémorer. Parce qu’exemple, il y a un an, lors des fêtes gigantesques rappelant les 70 ans du débarquement. Ou encore plus récemment le début de la Première guerre mondiale. Ou la fin de la seconde. Ou la Panthéonisation de 4 figures de la Résistance. C’est le devoir de mémoire. C’est : « Connaître l’Histoire pour préparer l’avenir ». Et puis bien sûr, la nécessaire repentance : Savoir assumer notre Histoire, toute notre Histoire, y compris avec ses parts d’ombre. Mais remarquons, que nous français, avons toujours quelques difficultés sur ce dernier plan.Nous devrions peut-être nous inspirer de l’attitude des autorités allemandes, des allemands, les anciens vaincus, et qui pourtant, participent à toutes ces commémorations. Bien sûr, aujourd’hui, nous sommes les meilleurs amis du monde ( ?), mais les conflits qui nous ont opposés, ont été dramatiques. S’il a fallu du temps pour que les allemands parlent du 8 mai 1945, non pas comme d’une capitulation, mais comme d’une libération, les mots prononcés en 1985 par l’ancien Président allemand Von Weizsäcker restent exemplaires : « Personne n'attend des jeunes Allemands qu'ils portent une chemise de pénitent simplement parce qu'ils sont des Allemands. Mais leurs aînés leur ont laissé un lourd héritage. Nous tous, coupables ou non, vieux ou jeunes, devons accepter ce passé.(…) Celui qui ferme les yeux devant le passé s'aveugle pour l'avenir. Celui qui ne veut pas se rappeler l'inhumain s'expose aux nouveaux risques d'infection. »Nous devrions en prendre de la graine. En ce qui concerne la mémoire de nos guerres coloniales, par exemple. Beaucoup d’entre nous continuent à penser ou à dire : « La colonisation, ce n’était pas bien, mais… » Et tout est malheureusement dans ce « mais », qui montre que nous n’avons pas encore accepté que toute colonisation est une domination, donc une violence, des violences exercées par notre pays sur d’autres pays ou d’autres peuples. Et pour en revenir à Waterloo, il ne s’agit pas de comparer Napoléon à Hitler, ni l’Empire au Reich nazi. Napoléon s’inscrit dans la lignée de la Révolution française qui a d’abord signifié un espoir de libération et de liberté pour beaucoup de peuples d’Europe. Un des exemples de ces espoirs suscités par la Révolution et déçus – trahis ?- ensuite par l’Empire, c’est Ludwig van Beethoven. Le compositeur allemand avait dédié sa Symphonie N°3 à Napoléon Bonaparte, puis furieux, il l’avait débaptisé, - aujourd’hui, c’est la Symphonie héroïque - , lorsque Napoléon se fit proclamer Empereur. Car les guerres de libération de la Révolution se sont transformées en guerres de conquête. Sanglantes. Et c’est encore aujourd’hui le souvenir qu’en ont de nombreux pays, en Espagne, en Russie, en Haïti aussi, puisque l’Empereur voulut y rétablir l’esclavage. Avoir été présents à Waterloo aujourd’hui aurait signifié que nous assumions cette part de notre Histoire. Nous vivons une e-poque formidable !