Le Blog La Maison Musée vous propose un retour musical grâce à des articles estampillés la « 1ere écoute« . Vague nom d’un vaste programme puisque les différents épisodes obéissent à des coups de coeur musicaux. Chaque article est voué à découvrir un nouvel artiste et, le plus souvent une singularité musicale qui mérite bien plus qu’un premier aperçu. La tonalité libre permet à tout à chacun d’apprécier ou, au contraire, de se forger une idée inverse. Telle est la finalité de ces découvertes musicales d’horizons divers et variés.
Trainez une oreille du côté d’un Brooklyn façonné par une artiste. Empress of est un projet solitaire créé par Lorely Rodriguez où l’univers respire le métissage et la chaleur d’une langue américaine teintée d’accents espagnols. L’unicité tient à son identité et à la manière de mener son projet : tout a commencé il y a trois années déjà avec l’idée de proposer quelque chose de « nouveau ». Et l’exercice ne cesse de prendre des airs audacieux, intrigants mais aussi expérimentaux.
Plaisirs auditifs en essai
Tout est histoire de découverte avec Lorely Rodriguez … y compris dans la dégustation d’une pastèque.
Pour définir ses inspirations, Empress Of navigue sur les notes d’une déformation douce. Ce jeune talent d’un peu plus de 23 ans fait partie de ces musiciennes electrons-libres et surtout passionnées qui donnent un peu plus de consistance à la vague catégorie du New wave. Ne pensez pas à quelque chose de mou, de sirupeux et d’amorphe. Au contraire, ce sont des transformations de nos rythmes habituels, de sons communs, le tout bercé d’une voix quasi cristalline. Vaguement, l’on retrouvera de lointains échos de Lykke Li et son fameux morceau « Follow River ». D’un peu plus près, Lorely Rodriguez a plus de ressemblances avec Lana Del Rey à laquelle elle emprunte une manière de mettre en valeur facilement ses qualités vocales.
En Anglais mais aussi en Espagnol, Empress Of se distingue. Avec élégance.
Empress Of compte sur le contact. Sous toutes ses formes. Être adoubé par Florence + The Machine en organisant quelques premières parties de concert a permis de nouer un contact progressif et de faire-valoir une palette de particularités. La plate-forme SoundClound devient le coeur du projet mené seule avec des goûts animés par son identité espagnole. « Water Water » devient une version envoûtante d’un « Agua agua » qui induit une ambiance presque nocturne et certainement séduisante ou comme « Tristeza » ne fait aucun doute sur sa tonalité douce-amère.
« Water water », une communication expérimentale
Systems a été le 1er album de Empress Of. Une identité très expérimentale assumée.
L’artiste risquait son entrée dans le monde fermé de la musique par des essais. C’était en 2012 que Lorely Rodriguez valorisait sa créativité poétique grâce à internet et des idées simples : en 2 minutes et une couleur, 15 sons différents étaient mis en ligne. Ils le sont toujours (De 1 à 15), avec quelques éclats de surprise en guise de commentaires. A l’origine même de sa musique, Empress of est un projet qui se construit petit à petit grâce au label Terrible Records. Ces 15 germes ont fleuri, parfois en des morceaux définitivement inscrits au premier album intitulé « Systems ». Les amoureux de la littérature baudelairienne y verront une audace où couleurs, impressions simulent à leur tour des rythmes et des idées. Qui peut aujourd’hui rentrer dans cette catégorie ? Peu l’ont tenté, peu l’ont poursuivi, mais Empress Of se façonne avec inventivité.
« Water Water » signe le retour de l’artiste sur la scène de la communication.
En Juin 2015, Empress Of joue le jeu d’une communication visuelle et artistiques toutes aussi méritantes. La simplicité du clip du titre « Water Water », probablement votre premier rendez-vous à ne louper sous aucun prétexte avec Empress Of, concentre subtilement l’unicité de notre artiste. Point de psychédélisme si tendance à l’électronique. Encore moins d’exagération dans les voix. Lorely Rodriguez use de son synthétiseur comme une machine capable de transformer les pulsations en ondes autour d’une voix fragile sans exagération.
Les essentiels de Empress Of …
Parmi les 15 morceaux expérimentaux, le numéro 7 est devenu un morceau à part entière : Champagne. (Il s’agit bien du nom original.) Une réussite dans sa manière à prendre l’auditeur dans une idée reçue à reconstruire. L’imagination constitue la part essentielle du savoir-faire de Empress Of, précisément dans la transformation d’un chiffre sacro-saint.
La délicatesse s’exprime grâce au morceau « Don’t tell me ». « Tristeza », plus classique au piano, risque le mélange des effets. L’invitation au voyage se substitue à une invitation au jeu avec « Trick hat », dans une alternance entre rapidité et le quasi effacement de la voix de Lorely Rodriguez dans les notes électroniques aigües.
A découvrir, à écouter, à partager, Lorely Rodriguez a le temps devant elles pour produire une simplicité étonnante et encourageante. La suite est attendue impatiemment!