Mon amour, Julie Bonnie

Par Laurielit @bloglaurielit

Si ce livre était un animal, il serait un serpent…pour illustrer les démons et la tortuosité des relations humaines.

Si ce livre était un arbre, il serait aux multiples racines pour évoquer les racines de l’enfance. Les racines seraient profondes car l’enfance s’ancre terriblement en chacun de nous.

Si ce livre était une couleur, il serait le bleu…la mer, sa profondeur, la perte aussi.

Si ce livre était un animal, il serait une louve pour la protection du nouveau-né et cette relation animale, bestiale, connectée de la mère avec son enfant.

Si ce livre était un sentiment, il serait l’amour…maternel bien-sûr puis celui du couple.

Si ce livre était un son, il serait un métronome…pour ce lien avec la musique, le piano, pour la régularité du temps qui passe, pour ce tic-tac aussi qui rappelle l’horloge humaine.

Si ce livre était un temps, il serait pile le passage où la pluie s’arrête et le soleil revient pour ce changement radical d’émotions que cela entraîne.

Ce livre est un tourbillon d’émotions, de relations. Il s'agit d'un échange de lettres, ces lettres qu’on n’envoie jamais, ces lettres qui retranscrivent les pensées de chaque protagoniste envers un autre, ces moments encapsulés sur papier, ces mots qu’on ne peut pas dire mais qui tournent dans nos têtes. Tout part d’une histoire d’amour, d’une naissance. Puis lui, musicien, part en tournée. Elle se retrouve seule, avec Tess, d’à peine quelques jours. Seule avec son corps abîmé, seule avec ses émotions si propres à la maternité, seule avec cette connexion si forte à l’être fait de leur chair et de leur sang, seule avec ses douleurs, les non-dits, ses peurs. Lui est dans un autre monde, seul aussi. Seul avec ces concerts qu’il doit réussir pour assurer son avenir professionnel, seul avec ses doutes, seul avec ses angoisses d’enfant.

C’est un livre qui ne se raconte presque pas. C’est un livre qui se vit dans les tripes. C’est un livre qui a tellement raisonné en moi sur la maternité. C’est un livre où des larmes se sont échappées, au milieu comme ça, sur les relations mère-fille, mère-fils. C’est un livre où des êtres se perdent malgré l’amour, et puis se rattachent à la vie. C’est un coup de cœur.

« Et puis, ton regard m’obsède. Celui du jour où tout a changé. Celui du jour où un animal s’est réveillé en moi. Je crois que je hurlais, quelle honte. Y a-t-il un milligramme d’élégance dans l’accouchement ? Jambes écartées, transpirante. Au-delà du mur du son. Tombés, tous les postes-frontières. Dans tes yeux, la peur et ma honte. »

« Cette petite est devenue mon jardin, mon air, mon atmosphère. Ce qu’elle fait transforme ce que je suis. Etrange. Mes seins gonflent si elle pleure. Je ne peux dormir que si elle dot. Manger, c’est elle ou moi. Plutôt elle. Si elle a chaud, j’ai chaud. Si elle a mal, j’ai mal. Si elle pleure, je pleure. »

« Mais, si j’osais, je te dirais que ce bébé n’était pas mon choix. Parce que « je suis enceinte » signifie « tu vas être papa ». Et ça, je ne l’ai pas vraiment demandé, ma fée. Enfin…Si…Je voulais…Mais je n’avais pas réalisé…Tu étais si contente ! Je ne pensais pas que ça arriverait si vite. Je n’avais pas envisagé, non plus, que ton corps devienne ce sanctuaire lointain. Non. Tu ne m’as pas vraiment laissé de choix. Et j’ai ma vie, de pianiste. »

« Nous sommes des adultes, mon amour, et si le sol tremble sous nos pieds, c’est pour tester notre équilibre, pas pour que l’on se jette à corps perdu dans la première faille tectonique. »

Découvert chez la douce Noukette.

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