Magazine Info Locale
Quelques réflexions au débotté : Bouteflika, Le Pen, Sarkozy, Ségolène Royal…
Publié le 17 juin 2015 par GezaleLe poste de président d’honneur du Front national a été supprimé après une décision du bureau national du FN. Autrement dit, en attendant une éventuelle exclusion du parti qu’il fonda, Jean-Marie Le Pen ne peut plus prendre la parole au nom d’un groupuscule devenu populaire au fil du temps. Ou plutôt populiste eu égard aux thèmes et théories défendues âprement par les membres de ce parti. Pourquoi tant de haine à l’égard de JMLP ? Il commençait à trop vieillir et à radoter. A 87 ans, Marine, sa fille, a décidé que le moment était venu de passer la main et son tour. Pourtant, le député européen Jean-Marie Le Pen va continuer de siéger au parlement de Strasbourg ; Il pourra continuer d’y être souvent absent et de siéger non plus à côté de sa fille mais sur un autre banc, celle-ci ayant réussi à créer un groupe (composé de membres de 7 nationalités différentes) sans la présence de son père persona non grata. Ce groupe touchera même de l’ordre de 30 millions d’euros pour son fonctionnement. Autrement dit, les impôts des citoyens des pays membres de l’Union européenne vont alimenter les caisses d’un groupe xénophobe dont le principal point de programme est de sortir de l’Europe, laquelle le nourrit. Quelle ingratitude !
Si Jean-Marie Le Pen sort peu à peu du champ politique, il en d’autres qui l’envahissent de leurs idées aux vapeurs méphitiques. Ainsi, Nicolas Sarkozy, auteur du changement de nom de son parti devenu Les Républicains, s’empresse de porter atteinte à ce qui fait la République et repose sur ses symboles. Quelle mouche l’a piqué pour qu’il trouve opportun de remettre en cause le droit du sol, l’une des caractéristiques essentielles de la citoyenneté à la française. La question se pose, assure-t-il, de savoir si le droit du sang ne conviendrait pas mieux à notre société ? Cette proposition, le Front national la met en avant depuis quarante ans et aucun gouvernement de droite ou de gauche n’a eu l’audace dommageable de mettre cette question sur le tapis. C’est si vrai que les Fillon, Juppé et autres NKM considèrent que Sarkozy demeure le provocateur-né qu’il a toujours été. D’ailleurs n’avait-il pas lui-même déclaré, il y a longtemps il est vrai, que pour les fanatiques du droit du sang, celui-ci ne serait jamais assez pur. C’était au temps où Sarkozy n’était pas en campagne électorale et n’aspirait pas (pas encore) à la présidence de la République. Autres temps, autres mœurs.
Notre président a rendu visite à Abdelaziz Bouteflika, le président algérien. Ou plutôt à ce corps qui bouge encore mais n’exprime ni émotions ni paroles. Les images télévisées sont ravageuses pour l’image du chef d’état algérien visiblement très marqué par la maladie et dont on se demande ce qu’il peut encore bien faire ou bien dire à la tête de cet état du Maghreb si important. L’armée agit en coulisses et dirige, de facto, le pays. Lors de la conférence de presse qui a suivi la rencontre des chef s d’état, interrogé par un journaliste de Canal Plus sur l’état de santé de M. Bouteflika, le président Hollande a retenu sa respiration pendant quelques secondes avant de nous livrer un élément de langage bien rôdé, notamment par Laurent Fabius qui, depuis trois ans, nous vend et nous vante « l’alacrité » de la momie Bouteflika. Yann Barthès du petit journal a consulté le dictionnaire et lu : alacrité : « enjouement, entrain ». On peut tout dire sans que quiconque réagisse mais de là à évoquer l’alacrité de M. Bouteflika, c’est tout simplement parler un langage qui, pour être diplomatique, n’en est pas moins fallacieux.
La photo prise sur le perron de l’Elysée avec le couple royal espagnol nous a montré un François Hollande souriant et une Ségolène Royal rayonnante. C’était avant le documentaire consacré sur France 3 par Gérard Miller à l’ancienne candidate à la présidence de la République. Ce documentaire, parfois malin, souvent complaisant, toujours bien étayé nous a montré le parcours d’une femme d’exception, broyée par la machine partisane et le machisme ambiant dans tous les partis et donc le Parti socialiste. La fameuse phrase de Laurent Fabius : « mais qui va garder les enfants ? » à l’annonce de la candidature de l’ancienne ministre de François Mitterrand rappelle combien cette candidature a semblé incongrue voire iconoclaste dans le petit monde des aspirants au pouvoir suprême. La séquence nous montrant un Strauss-Kahn rassuré par le fait que sur la photo on ne verrait pas Pierre Mauroy auprès de Ségolène Royal est édifiante de mesquinerie et de petitesse. Ségolène raconte bien comment les éléphants du PS (qu’elle a superbement ignorés après la primaire socialiste interne) l’ont isolée au point d’espérer sa défaite. Sarkozy n’avait plus qu’à ramasser les miettes. La « folle » du Poitou, comme l’ont surnommée ses adversaires, a-t-elle dit son dernier mot ?
Alexis Tsipras a engagé un bras de fer avec la Troïka (FMI, BCE, Commission européenne). Il ne veut pas accepter les conditions draconiennes qu’elle veut lui imposer pour verser les 7,2 milliards d’euros promis dans le plan de soutien à la Grèce. Le danger d’un Grexit (« Grèce exit » de l’Union européenne) est-il aussi réel que le prétendent la presse et certains conseillers diplomatiques ? C’est bizarre mais je n’en crois pas un mot. Que les uns et les autres exercent chantage et menaces, cela fait partie de la négociation. Mais que la Grèce ou l’UE envisagent de gaieté de cœur, une séparation et donc une sortie de la zone euro ? Je ne parviens pas à y croire. J’ai le sentiment que l’un ou l’autre va lâcher prise avant d’être au bord du gouffre. Si tel n’était pas le cas, la chute serait vertigineuse et surtout aurait des conséquences imprévisibles. Il y aurait certainement de la casse : pour la Grèce et la zone euro.