Loin de la foule déchaînée // De Thomas Vinterberg. Avec Carey Mulligan, Matthias Schoenaerts et Michael Sheen.
Pour la petite histoire (et avant d’entrer dans le vif du sujet), si vous ne le saviez pas, le personnage de Bathsheba Everdene est celui qui a inspiré Suzanne Collins quand elle a créé le personnage de Katniss Everdeen. Le nom de cette dernière est directement piqué à celui du roman de Thomas Hardy (1874). Je trouvais que c’était une bonne anecdote pour commencer à parler de Loin de la foule déchaînée. Si vous ne connaissez pas le roman (qui est très sympathique, pour tous ceux qui aiment les romances à l’époque victorienne), vous connaissez peut-être la première adaptation qui date de 1967 (avec Terence Stamp) ou encore le téléfilm (1998) avec Paloma Baeza. Je dis peut-être et ce dernier a été diffusé lors des après-midi de nos chaînes de télévision françaises préférées. Mais peu importe, la réussite de Loin de la foule déchaînée est là. C’est juste que cette nouvelle adaptation reste dispensable. Le plus gros du travail est fait par David Nicholls (à qui l’on doit le livre Un Jour) qui créé ici une fresque romanesque assez touchante et pleine de vitalité. L’époque victorienne est traduite ici par des dialogues savoureux et sincèrement, étant un grand adapte de cette époque, je ne peux qu’être animé face à un tel film.
Dans la campagne anglaise de l’époque victorienne, une jeune héritière, Bathsheba Everdene doit diriger la ferme léguée par son oncle. Femme belle et libre, elle veut s’assumer seule et sans mari, ce qui n’est pas au goût de tous à commencer par ses ouvriers. Bathsheba ne se mariera qu’une fois amoureuse. Qu’à cela ne tienne, elle se fait courtiser par trois hommes, le berger Gabriel Oake, le riche voisin Mr Boldwood et le Sergent Troy.
Bien que l’envie d’aimer soit là et que Loin de la foule déchaînée séduise, ce n’est pas un film qu’il était nécessaire de faire. En tout cas, c’est une sorte de relecture d’une histoire que l’on a déjà vu adaptée autrement et ailleurs (car ce n’est pas la seule histoire d’amour qui se déroule à cette époque là). Mais le scénario est teinté d’une certaine luminosité qui éclaire une tragédie et une romance. On retrouve au delà de ça un soin apporté aux décors et aux costumes. C’était important de reproduire l’époque de façon intelligente sans tomber dans l’excès ou dans le cliché du genre. Les films d’époque de ce genre là ont parfois tendance à tomber dans la débâcle de moyens alors qu’il n’était pas nécessaire de tomber là dedans. Mais que je regarde ce film d’un peu plus près, la chose qui lui donne sa petite touche en plus je pense que c’est Carey Mulligan (Shame, Drive). Cette dernière est vraiment sincère dans ce qu’elle fait passer à l’écran. Elle me fait penser à une Michelle Williams au sommet de sa forme (oui, je tente la comparaison car elle est méritée et qu’elle n’est pas mauvaise). L’alchimie entre l’actrice et le reste du casting masculin est particulièrement intéressante. Peut-être un peu plus avec Matthias Schoenaerts plus que les autres et pourtant, on a parfois l’impression que ce n’est pas ce dernier le véritable amour de notre héroïne.
Mais le découpage du film veut nous présenter chacun des prétendants de façon intelligente et inattendu. L’histoire du livre d’origine est très dense mais justement, l’intérêt de Loin de la foule déchaînée était de parvenir à en faire un récit condensé. La précédente adaptation (le téléfilm de 1998) n’avait pas réussi à raconter l’histoire de façon intelligente et tombait alors dans de très mauvaises surprises. Du coup, le film gagne ici facilement la partie en gardant un vrai fil conducteur et en créant de vraies surprises qui apportent un rythme au film sans jamais nous donner l’impression qu’il n’y en a pas suffisamment. Thomas Vinterberg, réalisateur du très bon La chasse (bien que parfois décrié par certain), prouve encore une fois toute la splendeur de sa mise en scène pour ce qui est des grands drames d’envergure. Sauf que sa mise en scène ce n’est pas des grands plans larges voulant montrer l’ampleur des décors. Non, lui veut montrer l’ampleur des sentiments de notre héroïne et cet angle de vue est probablement le meilleur choix possible pour une telle histoire. Ce qui aurait donc pu rapidement devenir un film ringard, parvient à devenir sympathique dans son ensemble. Au fond c’est dispensable mais ce n’est pas nécessairement ce que l’on retient en premier.
Note : 6/10. En bref, nouvelle adaptation de Loin de la foule déchaînée, dispensable mais réussie.