Vision vintage en 8 millimètres dans l’EP de De Laurentis.
Il paraît qu’il ne faut pas juger à la pochette…il paraît ! Le regard est dans le vide mais la tenue réfléchie et le blouson scintillant. De Laurentis cultive son air de girl next door sur la photo de sa pochette. Le cliché polaroid ajoute une touche de vintage et IRL à la création artistique. Pourtant la chanteuse n’oublie pas d’inscrire en lettres capitales et couleurs flashy son nom comme une touche sur un patrimoine peut-être trop lourd.
Dans les oreilles : Il suffit de quelques notes au synthétiseur et c’est parti, tout simplement, du synthé mais aussi des notes au piano, un vrai, une harmonie musicale assez entêtante qui allie l’ancien et le nouveau dans un rythme bien senti. Entrer dans un nouvel univers? Oui, Sparrow celui de De Laurentis, une ballade sentimentale aux faux airs de chill out à l’instrumentalisation digne d’un hôtel de luxe ou de longues matinées de farniente. Et la voix? Laurie Anderson fait sonner son vibrato sur toutes les gammes dans un souffle assez évanescent comme susurré. C’est vrai que la miss s’y connaît en la matière, on peut même dire que c’est un atout familial, son père était pianiste de Nougaro. Mais c’est bien loin de Toulouse que l’interprète emmène les auditeurs de son premier EP. Un opus entièrement en anglais à la pop lunaire qui conduit en apesanteur dès la 1° chanson.
Mais les cieux donnent encore des nouvelles dans The Angel. Au singulier, oui car il n’y a que le piano-voix qui sied parfaitement à cet instant romantique. Ce mélange est assez divin dans la bouche de la brunette avec le mixeur de The Shoes et le mastering de Lilly Wood & The Prick qu’on pourrait suivre partout. Oui, même au piano, mais… cet air n’est pas méconnu et pas si étonnant pour cette fan de cinéma. On l’a savouré dans les salles obscures, dans un amour saphique mais déchirant. Lykke Li n’a qu’à bien se tenir face à la reprise tout en douceur de De Laurentis à l’organe cependant haut perché. Plus prêt du coeur mais aussi des racines de la création, Many Years est la chanson aux sonorités mineures mais dominantes dans cet EP. Comme un bleu au coin de la joue, à la fin quasi incantatoire. Et presque dans la même lignée, plus de mélancolie, plus intimiste aussi, Silent Home donne envie de continuer d’écouter l’EP d’un trait.
Dépression sur un jardin avec encore un peu de rosée, avant l’action, avant l’espoir aussi où le déchirant « Is There Anyone? » met un point final à l’harmonie ambiante. Et tout finit avec une légère touche de voix sur le piano acoutisque. Cette ultime touche plus contemporaine, et légèrement électro, n’est pas une reprise, ni un remix mais un rework, une vision pop à la fin électrique, comme un souvenir suave et flou.