ll faut commencer par reconnaître que je ne suis pas très sensible à l’art contemporain. Pour moi, il s’agit surtout de personnes dont l’unique but est de choquer le bourgeois. Ou alors, qui ont un verbiage insupportable sur l’avenir du monde et le voyage intérieur qui se reflètent dans leurs œuvres.
Autant dire que je partais avec un assez mauvais a priori au salon de Montrouge qui, à l’occasion de ses 60 ans, réunissait 60 jeunes artistes (sans limite d’âge comme le prouvera la suite !)
Pour ce 60e anniversaire, le Salon de Montrouge a fait appel à Matali Crasset qui a complètement revu la scénographie : 60 bougies rouges qui marquent les espaces des 60 artistes sélectionnés. Un parcours hors les murs – que je n’ai malheureusement pas eu le loisir de découvrir – a également été pensé pour « décloisonner » l’art.
Cinq artistes nous font découvrir le Salon
Le Crédit agricole, partenaire de l’opération depuis maintenant 5 ans, organisait cette année une visite du salon pour quelques blogueurs triés sur le volet en présence de cinq des artistes exposants. C’est ainsi que Raphaël Barontini nous a exposé sa parade de pièces sur bois et sur tissu, comme questionnement sur le métissage et la créolisation.
Julien Borrel, qui exposait dans l’espace Ekimetrics, mêle algorithmes et art. Un véritable travail visuel qui ne peut se décrire mais que vous pouvez découvrir ici. La visite a continué avec Thomas Barbey qui interroge (beaucoup, en faisant appel au romantisme , à la philosophie antique, à Bachelard, au néo-impressionnisme et au pointillisme) l’image du rocher en retravaillant de vieilles photographies. Agata Rybarczyk a choisi quant à elle de destabiliser le visiteur : son œuvre « Axiome » est un petit cube dans lequel on ne peut entrer que seul. Devant nous, une statue de cire dénudée qui se lève du lit. AU-dessus de son dos, un miroir qui ne reflète pas ce à quoi le visiteur pourrait s’attendre. Dernier artiste, Pascal Couchot, du même âge que le Salon. Son travail, assez curieux, est selon les mots de l’artiste, issu de « choses trouvées par hasard ». Des chiffres qui deviennent métaphores, des perspectives cavalières qui deviennent support à l’imagination.
Le Crédit agricole et l’art
Implanté depuis maintenant 5 ans à Montrouge, le Crédit agricole a souhaité « accompagner la politique d’art contemporain de la Ville ». Engagé depuis 35 ans pour la préservation de sites culturels ou de monuments par le biais de sa Fondation « Pays de France », il est apparu naturel à la banque de s’engager, dès l’implantation de son siège social à Montrouge, aux côtés du Salon en tant que mécène. Cet investissement s’est traduit de plusieurs façons : outre le soutien financier qui est apporté par tout mécène, le Crédit agricole a fait participer ses salariés à cet événement montrougien : 130 salariés ont ainsi pu visiter librement le Salon et 150 d’entre eux ont voté pour déterminer quelles œuvres seraient acquises par leur entreprises pour être installées sur le campus du siège social.
Belle initiative en direction des salariés et jolie façon de les faire participer à la vie de la ville dans laquelle ils travaillent.
Quant à la question « Quel apport pour le Crédit agricole d’être mécène du Salon de Montrouge ? », il semblerait que le CA ait à cœur de promouvoir la création culturelle et la découverte artistique en participant, à sa façon, à la vie de la cité…
Quant aux petits blogueurs invités que nous étions, nous leur permettons alors d’avoir un écho en faisant connaître l’implication du groupe bancaire. Pourquoi pas ? La question qui reste en suspens cependant est celle du public de proximité qui a d’ores et déjà été traitée sur C&C..
Un peu de cynisme…
Nous avons reçu, à notre arrivée au Salon, un sac du Crédit agricole contenant le magazine du Salon ainsi qu’un certain nombre de documents comme une clef USB, le dossier de presse ou des informations relatives à la Fondation « Pays de France ».
Sur le sac était inscrit « Agir dans le bon sens ». Devinez où été faite la clef USB qu’il contenait ? (Chine [NDLR]) Dans le bon sens, disiez-vous ?
Ce que je retiendrais du Salon de Montrouge
Un grand plus, pour une novice comme moi, que de découvrir les œuvres expliquées par les artistes eux-mêmes ! Avoir des clefs pour comprendre comment le travail a été pensé et réalisé n’est pas négligeable. Certaines références données par les artistes m’ont donné envie de creuser le sujet, comme pour la créolisation par exemple, théorisée par Edouard Glissant. D’autres m’ont semblé beaucoup plus verbeuses et tirées par les cheveux. Il aurait été intéressant également, afin de mieux appréhender les œuvres et leur disposition, de pouvoir rencontrer Matali Crasset (la scénographe) et également Stéphane Corréard (le commissaire artistique).
Un léger regret : ne pas avoir eu le temps de découvrir l’intégralité du Salon et notamment sa partie hors les murs. Une heure de visite n’est pas suffisante.
Quelques photos
- Salon de Montrouge / Crédits Cécile Mathey
- Salon de Montrouge / Crédits Cécile Mathey
- Salon de Montrouge / Crédits Cécile Mathey
- Salon de Montrouge / Crédits Cécile Mathey
- Salon de Montrouge / Crédits Cécile Mathey