Chronique « Le Juge (T1) »
Scénario et dessin de Olivier Berlion,
Public conseillé : Adultes/adolescents
Style : Polar
Paru aux éditions Dargaud, le 22 mai 2015, 64 pages, 13.99 euros
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«Le juge», c’est le juge Renaud, dit le shérif, assassiné par des tueurs jamais condamnés pour cela. Cet assassinat reste une tache la république Française.
L’Histoire
«Le juge» raconte la fin de la vie du juge Renaud, la dernière mission de cet homme décrié, mais dévoué à sa tâche. L’histoire sera développée en trois tomes mais démarre sur les chapeaux de roues dans ce premier opus. Berlion y plante le décor et décrit la situation historique avec les flash-backs nécessaires à ce type d’histoire.
Nous sommes dans les années 70 à Lyon. La pègre locale y est prospère et elle semble proche de certaines émanations du pouvoir comme le SAC. La période est trouble : la politique a un rôle majeur dans les relations entre les citoyens. Le Gaullisme au pouvoir n’est plus aussi «vierge». Les vieilles rancunes issues de l’occupation sont encore dans les esprits. Tout est en place pour l’explosion. Il ne manque que l’allumette.
Ce que j’en pense
Le scénario nous décrit ce personnage hors normes, tellement différent du stéréotype du juge rabougri, besogneux, bon élève.
Olivier Berlion nous livre ici un bel hommage à ce grand homme, à la fois proche des siens et investi de sa mission.
J’avais bien aimé «Lie-de-vin», «Garrigues» et surtout «Rosangela», d’Olivier Berlion. Il campe dans ses œuvres des personnages comme on en voyait dans les films des années 70 : des vrais mecs avec des valeurs, des voyous, des gueules, des braves types, mais aussi les salauds nécessaires à tous les bons polars. Je n’ose même pas vous parler des filles (Rosangela)…
Sa mise en images des œuvres de Tonino Benaquista comme «cœur de tam-tam» et «la commedia des ratés» est très réussie. L’atmosphère de ces romans y est parfaitement retranscrite.
On retrouve le même plaisir que l’on a pu éprouver lors des fusions entre Léo Mallet et Jacques Tardi (Brouillard au pont de Tolbiac par exemple).
Son dessin, son cadrage, sa colorisation sont de très bonne facture mais c’est son scénario et son analyse des personnages qui vous feront lire la BD sans décrocher avant la fin.
N’oubliez pas de lire la préface du fils du juge Renaud, elle nous rappelle, outre les faits historiques de l’affaire, que les personnages ont réellement existé et qu’ils avaient des enfants… restés seuls.
Ne perdez pas bêtement votre temps à d’insipides besognes, lisez donc «le juge» vous y retrouverez un très beau personnage romantique mais pas sentimental, comme le dit si bien Corto Maltese dans «balade irlandaise».