En faisant miroiter l'obtention de grands contrats d'affaires, le président algérien, à la veille d'une succession périlleuse, s'assure la bienveillance de son homologue français.
La visite d’un président français à Alger, même pour quelques heures, est toujours un événement en soi, alors que l’ordre du jour est constitué de banalités : coopération sécuritaire, partenariat économique, Méditerranée, Nord-Sud… Du coup le président français devant ce déplacement peu anodin est particulièrement généreux en louanges : « A la veille de ma seconde visite en Algérie, je mesure les progrès qui ont été accomplis. Nos deux pays sont animés par la même volonté de bâtir un partenariat d'égal à égal tourné vers le développement et vers la jeunesse. Le comité intergouvernemental présidé par nos deux Premiers ministres s'est déjà réuni à Alger puis à Paris. Il nous donne un cadre pour approfondir nos coopérations dans tous les domaines ».
Concessions algériennes
En effet, c’est lors du comité intergouvernemental réuni à Paris, le mois de décembre dernier, que le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, avait adressé une invitation à François Hollande. Dès lors, le président français se trouve contraint d’y répondre favorablement non pas seulement par courtoisie mais aussi à cause des intérêts croissants de la France dus à des surprenantes concessions algériennes.
Déjà sous le règne de Sarkozy, Chekib Khellil, alors ministre de l’énergie avait signé, en 2007, un accord gazier secret avec la France au grand dam des Italiens qui souhaitaient bénéficier des mêmes conditions. Seulement cet accord permettait à Total de vendre secrètement au Algériens des équipements nécessaires à l’exploitation du gaz de schiste. Sans oublier que sous la pression des milieux d’affaires franco-algériens, Bouteflika avait autorisé les privés algériens à convertir leurs dinars en devises pour acquérir des sociétés à l’étranger sans toutefois définir des axes stratégiques. Il en a résulté entre autres, l’achat de Brandt par le patron de Cevital, Issad Rebrab.
Malgré la chute des cours pétroliers l’Algérie reste un pays riche, donc pour la France, Alger est encore fréquentable. En contrepartie, Paris permet à Bouteflika d’entretenir l’illusion d’être personnellement actif sur la scène diplomatique internationale. Cependant personne n’est dupe, même le quotidien français « Libération » de ce jour pose la question sur le président algérien : « homme de fer ou homme de paille ? »
Source : MondAfrique