Ségolène Royal, Ministre de l’Écologie, a annoncé hier sur France 3, l’interdiction de la vente en libre service du deshérbant Round up, produit phare de l’entreprise Monsanto. Cela signifie, en gros, que vous ne pourrez pas le trouver tout seul chez Jardiland. Mais en demandant gentiment au vendeur, il pourra vous en fournir un bidon, après vous avoir expliqué combien c’est mauvais pour vous.
Le Round up, en plus d’être cancérigène, est également très nocif pour les abeilles, et c’est là où je veux en venir aujourd’hui. C’est Einstein qui disait déja que si l’abeille disparaissait, le monde n’aurait que quelques années à vivre. Même s’il n’était pas biologiste, c’était quand même Einstein! Alors pourquoi les abeilles sont-elles si importantes? Pourquoi diantre est-ce un sujet suffisamment sérieux pour qu’on nous en rabatte les oreilles? L’Écolo.com va vous expliquer tout ça.
La pollinisation
Pour introduire ce sujet, et parce qu’il faut bien commencer quelque part, voici un petit cours de reproduction végétale
C’est en fait assez simple, le pollen des étamines doit atteindre le pistil et les ovules pour qu’il y ait fécondation. Cela engendrera ensuite la production d’un fruit avec des pépins, graines et autres noyaux, je résume…
Sauf que le pollen ne saute pas de lui même dans le pistil d’une autre fleur, comme vous vous en doutez. La pollenisation est donc toujours l’oeuvre d’un tiers, que ce soit un insecte, un oiseau (colibri, on y revient) une chauve-souris, le vent ou encore l’eau. Les pollinisateurs vont donc se balader de fleur en fleur et charier le pollen avec eux. En se posant sur une fleur, ils feront tomber le pollen au creux du pistil, ce qui engendrera une fécondation. L anture est vachement bien faite quand même!
Pourquoi faut-il sauver les abeilles
À ce stade, vous commencez quand même à comprendre le rapport : abeille, pollinisateur, va de fleur en fleur semant du pollen. C’est bien! Mais vous sous-estimez encore l’importance ce la fameuse Apis Mellifera, qui représente à elle seule (et les 100 000 espéces d’abeille sur la planéte) à peu près 80 à 90% de la pollinisation des plantes à fleurs, soit un chiffrage de 153 milliard de dollar équivalent à 9,5% de la production mondiale de nourriture!
Pour t’éclairer encore si besoin, lecteur, la plupart des fruits et légumes que tu manges résultent de la pollinisation des abeilles. Donc sans elles, pas de fruits, de légumes, de céréales. Donc pas de nourritures pour beaucoup d’espèces omnivores, donc pas de nourritures pour les espéces carnivores, etc. etc. C’est toute la chaine alimentaire et donc l’humanité au sommet qui en pâtie. Désolé pour le nombre de « donc ».
Une autre chose que l’on sait moins, c’est que les abeilles, en plus de vous aider à récolter plus de fruits, vous permettent également de récolter des fruits plus beaux et plus gros. Ce mécanisme s’explique par le fait qu’en recevant plus de pollen, la fleur est mieux fécondée et se développe de maniére plus saine.
Et puis entre nous soit dit, le miel c’est quand même super bon et rien que pour ça on devrait y penser.
De quoi faut-il sauver les abeilles?
Tu as compris le premier point lecteur, mais je sens que tu te poses une question existencielle : « Pourquoi tu veux sauver les abeilles? Elles sont tranquilles, pénard, dans la nature, elle sont pas besoin d’être sauvées! » Et c’est là où tu as tort, lecteur. Les abeilles sont confrontées à des menaces bien réelles, et ce, plusieurs fois par jour!
En fait on assiste de plus en plus réguliérement à ce que l’on appelle le Syndrome d’effondrement des colonies qui caractérise la surmortalité des abeilles ces vingt derniéres années. Ce syndrome possède des causes très différentes :
- Substances chimiques et pesticides, tuant une abeille avant même son retour à la ruche
- Parasites, virus, champignons souvent importés
- Réduction de la biodiversité liée à l’agriculture intensive
- La génétique : les abeilles les plus productives sont les moins adaptées
- Le frelon asiatique : décime une colonie en 10 jours
- La pollution electro-magnétique : les ondes troublent le comportement des abeilles
- Le transport des ruches d’un champ à l’autres, beaucoup mourrant dans le voyage
À bien y regarder, la plupart de ces menaces (toutes) sont de la main de l’homme. Après ce que l’on vient de voir, il n’est pas difficile de comprendre que l’on se tire une balle dans le pied et qu’il est plus qu’urgent de s’attaquer à tous ces problèmes. La question maintenant c’est, comment?
Comment agir pour sauver les abeilles?
Premier point positif pour nous, Cocorico! la France est le premier pays à avoir mis en place un plan de sauvegarde de l’abeille domestique (à lire ici). Il est assez superficiel au fond, mais c’est mieux que rien.
Comme vous lecteurs, êtes rarement des personnes ayant un pouvoir de décision au niveau national, voire international (sinon faites-vous connaitre, je serais ravie de discuter!), je vous propose quelques pistes pour faire quelque chose à votre niveau.
1) On bannit les herbicides et autres pesticides, donc non! Pas de Round up! C’est ce qui affecte le plus les abeilles et de toute façon tout le monde sait que c’est pas bon pour la santé! Il y a tout un tas de solutions naturelles qui marchent aussi bien.
2) On plante des fleurs, des haies, des arbres qui attirent les abeilles. Lavande, roses tremiéres, thym, lilas, troène, lierre, chèvrefeuille, j’en passe et des meilleurs. Le but c#est de créer un environnement propoce et de favoriser la biodiversité. En effet une abeille va se concentrer uniquement sur une seule variété de fleur pendant sa sortie. C’est ce qui la rend si efficace pour polliniser. Elle est sur de ne transporter que le bon pollen. Mais s’il n’y a pas assez de fleurs, elle est vite limiter. Donc on met l’accent sur la variété et les fleurs sauvages.
3) On met un hotel à insectes dans son jardin. Et on ne se moque pas, ça existe, mais ce n#est pas juste pour leur permettre de passer la nuit. Ce serait plutôt comme une sorte de ruche sauvage. Une buche percée de trou fait très bien l’affaire. Sinon un assemblage de tiges creuses ou, si vous êtes vraiment bricolo, un truc dans le genre
4) On achète du miel de sa région : ce réflexe locavore permet de revaloriser la profession d’apiculteur et donc de multiplier le nombre d’essaim présent dans la région. Dans la logique du « Pensez global, agissez local », dites-vous que vous en profiterez indirectement en mangeant de plus gros et de plus beaux légumes. Et puis vous aiderez un apiculteur dans le besoin
5) On parraine une ruche : comme sur le site Un Toit pour les Abeilles qui se propose de vous offrir 6 pots de miel par an contre un parrainage de 8€/mois. Cette offre est disponible aussi pour les entreprises, à raison de 100 pots de 125g pour 750 à 900€/an/ruche.
Vous pouvez aussi accueillir une ruche d’un apiculteur local et être rétribué en pot de miel réguliérement, pour la location de votre terrain. L’avantage pour les jardiniers, c’est que vous bénéficiez directement des effets des abeilles sur vos plantes.
Pour aller plus loin, je vous conseil de jeter un oeil au rapport Greenpeace sur le sujet. Vous pouvez également vous procurer le film « Des Abeilles et des Hommes » qui traite également de cette thématique