Aurélie en mode 3 ans plus tard…
3 ans après l’Écosse, j’ai enfin pu repartir. Point de lézardage ensoleillé sur une plage du Sud. Non. Besoin d’air, de respirer, de me prendre la magnificence de Mère Nature dans toute sa splendeur en pleine face, une leçon d’humilité nécessaire face à un monde mystérieux. Tu n’es qu’un petit humain, et rien de plus. C’est pour ça que j’y suis allée. Et devinez quoi ? C’est ce que j’ai trouvé.
Petit récapitulatif du voyage : 7 jours, 6 nuits, 3 villes : Oslo-Bergen-Stavanger, 3 avions, 3 ferries, 3 auberges, 2 trains, 2 navettes, 1 car, soit 4 600 kilomètres de voyage au total.
Permettez-moi une grosse intro en guise de première partie mais vous verrez, ça se lit tout seul.
Première partie donc : Paris-Amsterdam-Oslo
How long will I lo… 5h50. Le réveil. Paris m’accueille depuis hier en tant qu’amie. Et ça se passe étonnement bien. Après une sale rupture, nous avons mis le temps. C’est la première fois qu’on s’entend bien depuis. Peut-être est-ce parce que j’ai affaire à deux de ses meilleurs émissaires. Presqu’un an déjà. Ne pas croire que l’on pourrait remettre le couvert. Si les choses sont très bien comme ça, c’est justement parce qu’elles sont comme ça. Erreur n°2 à ne pas commettre : si ton sac te paraît moins bourré que la veille, c’est un premier signe d’alerte. Tu as forcément oublié d’y caser ta polaire. Cherche bien avant de suivre un autre fil de pensée en ce matin de départ.
La fatigue pèse lourd dans mon sac lorsque je rejoins le flots de commuteurs de la Gare du Nord sur le quai du RER. Je croise un mec affublé de deux nanas et de deux valises en plus d’un sac à dos, qui doit être le seul à lui appartenir vraiment. Le pauvre. Sacrifié sur l’autel de la galanterie. Seule consolation féminine pendant des siècles et qui est maintenant menacée de déboulonnage par l’égalité des sexes et le féminisme radical.
Devant moi, un homme hagard, fatigué et au teint cireux. Il porte une veste estampillée SÉCURITÉ dans le dos. Je n’y crois pas une seconde. Ah tiens, le RER D. Et si j’allais chez Suzanne et Christian ? Oh, l’Eurostar ! Et si j’allais à Londres ? Chiche ! Non, Sarah m’en voudrait trop et le prix engagé du voyage en Norvège me hanterait pendant des années… Trop cher payé, on est d’accord.
8h15. Nous embarquons. Même si le personnel à bord essaye de parler français, tu switch direct en anglais. Pas assez de neurones branchés ce matin pour déchiffrer du français irrécupérablement décoloré de norvégien. Des écrans sortent du plafond pour nous rappeler les normes de sécurité… avec sous-titres. Je préfère ça. Les hôtesses sont toutes blondes, chignonées et souriantes. Tout à coup, l’avion prend de la vitesse. Tu t’accroches instinctivement à ton siège. Ne pas attraper le bras du voisin par inadvertance. Un petit regard de côté histoire de vérifier. Ouais, pas du tout envie de toute façon. L’écran indique 2000 m, 390 km/h. Les kilomètres filent très vite et le temps d’écrire cette phrase, nous avons déjà parcouru 2 kilomètres.
Nous sommes si hauts… Vous savez quoi ? Au dessus des nuages, il fait toujours soleil. Les champs sont bien peignés et les maisons ressemblent à des champignons. La descente est plus difficile. Nous retraversons la couche de nuages. Turbulences et trous d’air me soulèvent l’estomac et le cerveau, là, à l’intérieur, je le sens bien. Respire. Breath in, breath out. Fixe un point. Tout va bien. Christophe André serait très fier de toi. Mais au bout du 5e trou d’air, tu t’accroches à ton corps. Là encore, instinctivement. As if… Au bout du 6e trou d’air, tu atteins ta limite : tu es prête à agripper ton voisin… mais tu résistes encore une fois… Finalement, tu ne le fais pas. Nous touchons terre.
Dans l’aéroport d’Amsterdam, je dois rejoindre ma correspondance pour Oslo. Suivre les panneaux au plus près, comme dans la Gare du Nord. C’est la conduite que je dois tenir, étant dotée d’un sens de l’orientation plus que suspect. Tout à coup, problème : une enseigne Starbucks. Je suis embêtée une fraction de seconde. Dévier de mon parcours n’est franchement pas conseillé au regard de ma pathologie. Mais, sans m’en rendre compte, sans m’en apercevoir vraiment, je me retrouve devant la caissière à lui régler un muffin. Double chocolat, le muffin. Après les turbulences, mon cerveau demande maintenant dédommagement. Sugar? Yes, plEAAAAaase.
La fourmi se rend ensuite compte qu’elle a dévié de sa trajectoire mais que, par un heureux hasard, les portes B sont justement indiquées pile au-dessus d’elle et que si elle n’avait pas opté pour le Starbucks, elle se serait trompée de chemin justement. Comme quoi, il faut savoir écouter son instinct pour se retrouver sur la bonne route.
Je retrouve Sarah et nous embarquons pour la capitale norvégienne dans un avion aux environ de midi sans écrans, sans turbulences, sans voisin et sans sandwich…
À l’arrivée à Oslo, je sais maintenant où ils cachent tous les hommes grands.
A suivre dans le prochain post : Oslo partie 1 + Bergen. — > Cherchez la maison dans la photo, quelle est la subtile différence entre les paysages norvégiens et écossais et découvrez quel secret se cache derrière une photo… blanche.