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« Pour l’entrepreneuriat local, la force de l’Arménie, c’est d’avoir 70 % de ses citoyens à l’étranger »

Publié le 15 juin 2015 par Pnordey @latelier

À l’heure du « Reviens Léon » et de l’appel au retour des expatriés français, l’écosystème start-up arménien se distingue, lui, grâce à sa diaspora puissante.

Entretien réalisé dans le cadre de l’émission L’Atelier numérique sur BFMBusiness, avec Charlie Graham-Brown, co-organisateur du Seedstars World. Le SeedStars World réalise un grand tour et compétition annuels pour repérer les meilleures startups des pays émergents.

Vous avez choisi l’Arménie comme étape du Seedstars World. Peut-on dire aujourd'hui que l’Arménie a un écosystème tech et entrepreneurial structuré ?

Charlie Graham-Brown, Seedstars World : C’est toujours en cours de structuration. Beaucoup de choses s’y passent. Il existe une diaspora très puissante, qui donne beaucoup de valeur à cet écosystème. Mais pour que ce soit payant, il y a encore un grand chemin à parcourir.

Est-ce cette diaspora qui œuvre en tant que business angels, lancent des incubateurs et autres structures d’innovation ?

Oui, tout à fait. C'est elle qui en est à l’origine. Le grand avantage de l’Arménie, dans l’entrepreneuriat, est qu’il y a 70 % des Arméniens qui vivent en dehors du pays. Ces personnes vivent en grande partie aux États-Unis, en France ou en Russie, ont un réseau consistant. Certains sont même entrepreneurs et avec succès. Prenez l’exemple du prix Inc.com’s Entrepreneur of  the Year, au début des années 2000, c’était un Arménien.

Cette diaspora finance-t-elle à distance l’écosystème en Arménie ou y est-elle à résidence pour financer ou suivre directement, faire du mentoring ?

Je dirais un peu des deux. Certains investissent à distance. De ce que j’observe, pour l’instant, en Arménie, on n’a pas encore vu de plateforme qui aiderait la diaspora à investir dans le pays, comme ce que l’on a pu voir dans d’autres pays.

En revanche, on a pu constater la naissance d’incubateurs, centres d’innovation et de créativité, par des Arméniens revenus, ou d’autres qui s’engagent dans le conseil. Et c’est cette aide, ce partage de connaissances et d’expérience, qui amène tant de valeur à l’écosystème.

Un exemple ?

Un des cas les plus frappants est celui de Tumo. Tumo est une école destinée aux adolescents âgés de 12 à 18 ans, où les ados prennent en main leur apprentissage. Ce centre propose entre autres des workshops, des conférences portées par des professionnels du monde créatif. L’endroit est magnifique. Il faut le voir pour le croire. C’est un lieu qui donne envie d’y aller, d’y rester et de créer, plus, d’innover. Ca a été créé par un Arménien issu de la diaspora, Sam Simonian. Il est né à Beyrouth et a longtemps évolué aux États-Unis. Et c’est d’ailleurs lui qui s’est illustré en gagnant le prix de l’Entrepreneur de l’année, distribué par Inc.

Plus globalement, existe-t-il beaucoup d’incubateurs et d’accélérateurs ?

Il n’y en a pas beaucoup, en soi. Il y a trois, quatre accélérateurs et incubateurs en place. Il existe suffisamment d’accélérateurs. Mais ce n’est pas tant ça, la question. De ce qu’on observe un peu partout à SeedStars World, il est nécessaire pour un écosystème d’avoir trois choses : la culture, l’exemplarité du succès et l’exécution – et la transformation. Les accélérateurs génèrent, certes, une culture, mais aide aussi les start-up à exécuter leurs idées. Ce qui manquerait et qui pourrait être apporté par la diaspora, c’est le financement mais surtout  l’accompagnement, le mentoring de ces start-up. Mais c’est en train de se mettre en place.

Le financement est aussi clé, dans le sens où sur un besoin de levée de fonds à millions, cela devient plus compliqué pour les start-up. Elles regardent vers l’étranger.

Propos recueillis par Mathilde Cristiani

Édité par Lila Meghraoua

 

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