Morgan Matthews, réalisateur pour la BBC, adapte son documentaire Beautiful Young Minds à l’écran. Ce dernier suivait l’équipe britannique des lycéens en lycée pour les olympiades internationales de mathématiques. Intrigué par le nombre important d’autistes et touché par la problématique, le metteur en scène a décidé d’approfondir le sujet à travers une fiction : Le monde de Nathan.
Nathan (Asa Butterfield que l’on avait apprécié dans La stratégie Ender), un jeune autiste, laisse sa mère Julie (Sally Hawkins) désarçonnée depuis que son père est mort dans un accident de voiture. Attentionnée, elle manque toutefois à établir un contact profond. Le professeur de mathématiques du jeune homme, Humphreys (Rafe Spall), va l’ouvrir au monde en le faisant participer aux olympiades internationales de mathématiques.
Nathan (Asa Butterfield)
Reprenant peu ou prou le même type de rôle que dans La stratégie Ender, où il jouait déjà un enfant aux capacités intellectuelles sur-développées et différent des autres, Asa Butterfield est comme un poisson dans l’eau. A la différence prêt que le leader s’est mué en enfant très timide et introverti. Matthews décide d’emblée de laisser s’exprimer Nathan par le biais de la voix off. Ce dernier verbalise pour nous ce qu’il ne serait pas capable d’expliquer normalement. A savoir sa difficulté à communiquer alors que, nous dit-il, il a des tas de choses à raconter. Puis c’est le trou noir, par la suite, c’est à travers sa mère et son professeur que l’on découvrira Nathan, celui-ci se renfermant sur lui-même. C’est là qu’Asa Butterfield est remarquable. Pour un rôle quasiment muet, il transmet une émotion hors-norme et l’on se prend de sympathie pour le jeune homme à la sensibilité à la fois exacerbée et intériorisée.
Humphreys (Rafe Spall) et Nathan (Asa Butterfield)
Incroyable mais vrai, on se met à vibrer en même temps que l’équipe anglaise pendant leur préparation aux olympiades. Même hermétique au mathématiques, vous vous laisserez sûrement prendre par l’esprit de compétitions mais aussi d’entraides qui les animent. Mais ce n’est pas ici qu’il faut chercher la force émotionnelle de Le monde de Nathan. Enfermé dans sa bulle depuis toujours, avec les mathématiques comme seul horizon, Nathan va découvrir et appréhender ses premiers sentiments amoureux. Bien que la musique (ou plutôt la musicalité) puisse être conçu, comme le dit sa camarade Rebecca (Alexa Davies), comme fondamentalement mathématique, l’émotion qui en découle n’a rien à voir avec des calculs. Il en va de même pour l’amour qui ne peut se résumer à des interactions cognitives. Si l’idylle naissante entre le professeur de mathématique et Julie est cousu de fil blanc, l’éveil sentimental de Nathan offre quelques magnifiques moment de grâce. S’éveiller au monde, c’est avant tout savoir reconnaître ses sentiments, les accepter et surtout les partager. Nathan nous enseigne à lâcher prise, à oublier les conventions pour se laisser porter par nos émotions.
Zhang Mei (Jo Yang) et Nathan (Asa Butterfield)
Nathan, à travers son autisme, a du mal à comprendre les concepts que sont l’amour ou l’humour. Néanmoins, nous connaissons tous des handicapés du cœur. Il suffit de regarder autour de nous pour voir la défiance de les yeux de chacun et constater la difficulté, parfois la violence intrinsèque des rapports sociaux. Rien de tel que de rencontrer notre propre Zhang Mei (Jo Yang) pour que l’abstrait devienne intuitivement nôtre.
Boeringer Rémy
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