Il y a certains livres qui rentrent dans votre vie comme des amis. J’ai rencontré Journal au Festival d’Angoulême 2014. Julie Delporte était en dédicace sur le stand de L’Employé du moi et ses dessins au crayon de couleur m’ont attirée jusqu’à la table.
Journal s’ouvre sur une rupture en demi-teinte. L’auteure et son compagnon s’avouent vaincus par la vie commune et s’ils restent ensemble, chacun doit trouver un nouvel appartement où habiter. On suit alors Julie Delporte dans un parcours tortueux où règnent la perte de repères et l’inconfort.
Chaque page ou double page est un instantané, rien n’est noyé sous les mots et pourtant beaucoup de choses sont dites. Comment reconstruire une relation après un échec, et cela a-t-il même du sens ? Comment se réinventer un quotidien ? On sent sa difficulté à faire des choix seule, à définir un cap à suivre.
« Depuis que tu es parti, je dessine tous les jours. »
En parallèle de ses questionnements relationnels, Julie Delporte se confronte aussi à ses doutes artistiques. La rupture nourrit son inspiration et l’auteure prend même la décision de partir dans le Vermont pour rejoindre une résidence artistique. Journal est aussi un moyen de tester son trait, et la technique du crayon de couleur. Je trouve ses dessins à la fois très délicats et forts, appuyés. L’usage des couleurs peut être parfois surprenant mais c’est aussi ce qui participe à rendre le dessin de Julie Delporte si expressif.
Le livre reste sur un fil, parfait équilibre entre récit personnel et tension vers l’universel. Car je me suis aussi un peu lue dans ces pages, et peut-être que vous aussi…
Journal, de Julie Delporte, éd. L’Agrume, avril 2014, 20 euros
Émilie Boujon