L'histoire mondiale de ces derniers siècles pourrait s'expliquer par l'affrontement de deux idées concernant l'homme.
- Il existe deux types d'hommes. Les vrais et les animaux. L'Angleterre le pense. Et ce dès que ce pays prend sa forme moderne, au Moyen-âge. Le capitalisme, vu comme la concentration de ce que la vie a de bon entre quelques mains, en découle. C'est explicitement la doctrine du néoconservateur moderne.
- L'homme est un. Il partage une qualité commune : "l'humanité". Idée des Humanistes puis des Lumières et des radicaux, qui gouvernent la 3ème et 4ème République. Concept central : "liberté". L'homme est libre lorsqu'il pense par lui-même. Ce qui signifie qu'il se dégage de l'obéissance aveugle à des "coutumes". Car leur objet est généralement de lui faire servir des intérêts qui ne sont ni les siens, ni ceux de l'humanité ("aliénation").
Il semble que notre société, nos "acquis sociaux", résulte de cette idée :
- Bismarck, pour museler le risque insurrectionnel, invente les régimes sociaux.
- Les USA, pour endiguer la tentation soviétique, vont faire profiter le peuple d'un cocon de protection et de prospérité.
La fin du capitalisme ?La petite entreprise face à la grande, le travailleur précaire face au CDI, le subalterne face au supérieur, le malade face au bien portant, le jeune face au retraité, n'importe quelle nation face aux USA... Quasiment tout le monde est faible par rapport à quelqu'un. Et, il n'y plus personne pour défendre leur cause... Comment cela va-t-il se finir ?
Retour au modèle anglais féodal, ou athénien, ou même américain des origines ? Modèle "Mad Max" : îlots d'humanité décadente entourés de barbarie ? Ou, plus simplement, le capitalisme a tué ce qui lui permettait de vivre ?
(SASSOON, Donald, One Hundred Years of Socialism: The West European Left in the Twentieth Century, New Press, 1998. Par ailleurs, l'émergence des "deux idées" est peut-être liée à l'invention de l'individualisme. Auparavant les sociétés étaient "holistes", probablement. Au sens où l'homme se voyait en premier comme membre d'un tout, et pas comme une entité autonome.)