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Auteur : Janny Wurts & Raymond E. FeistCycle : La Trilogie de l'Empire
Édition : BragelonneParution : 2004
Pages : 600Prix : 25 € (10,20 € en poche)
Genre : Fantasy
L
e grand jeu a coûté à Mara la vie de son père et de son frère. En dépit de l'adversité et de son inexpérience, la jeune femme est parvenue à infliger une cinglante défaite au clan Minwanabi. Désormais à la tête de la maison Acoma, elle doit lutter chaque jour pour en assurer le prestige et l'honneur, et mettre par là-même son propre fils Asaki à l'abri des représailles. Cependant les Minwanabi et leurs alliés n'ont rien perdu de leur désir de vengeance, et le grand jeu ne s'arrête jamais. Le salut viendra peut-être d'un de ces esclaves Midkemians que Mara a acquis à bas prix et dont le génie politique et militaire pourrait lui donner un avantage décisif... si elle est prête à l'écouter.
S
i j'avais beaucoup aimé l'univers japonisant et l'intrigue lente mais complexe du premier tome, cette recette a un peu moins fonctionné avec ce second tome, dont la lecture s'est clairement scindée en deux parties bien distinctes en termes de ressenti.
La première partie est très longue à démarrer, notamment les chapitres qui se passent dans le désert. En effet, les événements racontés se déroulent sur plusieurs années, et la confrontation entre Mara et ses ennemis tarde à venir. De plus, beaucoup d'événements sont prévisibles, que ce soit les manœuvres de Desio et de sa famille, ou les réactions de Mara avec son esclave Midkemian.
Leur histoire ne m'a d'ailleurs pas émue ni particulièrement emballée, même si elle permet à Mara de se lâcher un peu. Le réel intérêt de cette relation est de permettre à Mara de s'ouvrir à une autre culture et de porter un regard différent sur sa propre société, son système de valeurs et son fonctionnement. Mais j'ai regretté que la culture midkemianne paraisse si "parfaite" et pacifique au regard de celle des tsuranis, car la réalité n'est pas tout à fait la même. Certes, le système de castes n'existe pas sur Midkemia, et la politique est un peu moins sanglante, mais le fonctionnement de la société n'en est pas pour autant exempt de défauts !
C'est d'ailleurs le même reproche que je ferais au personnage de Kévin : il paraît trop parfait et accepte un peu trop facilement sa situation d'esclave. Il n'a pas le droit de s'entraîner aux armes et s'avère pourtant être un excellent guerrier, même des années après le début de sa captivité... Alors que le combat est tout de même une discipline exigeante, et ne pas se battre pendant une longue période implique forcément d'être moins bon avec une épée qu'auparavant... Bref, il y a de petites choses comme ça qui m'ont chiffonnées. Honnêtement, avec tous ces points que je viens de citer, je me suis demandée si j'arriverais à aller au bout de la lecture, quand je voyais toutes les pages qu'il me restait à lire !
Mais finalement, à peu près à la moitié du livre, j'ai tout à coup retrouvé un fort intérêt pour le récit. En effet, on y découvre une scène très importante et commune avec le cycle de la Guerre de la Faille. Même si j'ai lu ces romans il y a une dizaine d'années et que je n'en garde quasiment aucun souvenir (si ce n'est que j'avais beaucoup aimé à l'époque), j'ai eu quelques réminiscences de cette fameuse scène qui se déroule dans la capitale de l'Empire. J'ai été captivée par les événements, ravie d'apercevoir Milamber, et plus qu'heureuse de voir le désordre que va induire cette scène dans la société tsurani. S'en suit un effet domino, les événements s'enchaînant très rapidement et de manière intense à partir de ce moment. A ce titre, la Nuit des Epées restera longtemps dans ma mémoire : un passage qui m'a captivé du début à la fin !
J'ai une fois de plus admiré la manière dont Mara prend des risques et arrive à retourner les situations à son avantage. On sent bien ici que tout se joue à peu de choses et que les Acoma passent à plusieurs reprises très près de l'extinction ! C'est ce sentiment d'urgence et de danger qui m'a beaucoup plu dans cette deuxième partie et m'a permis de lire beaucoup plus rapidement la fin du roman. Le rythme retombe un peu dans le dernier quart du livre, mais j'avais tellement envie de découvrir le fin mot de l'histoire que la lecture a été vraiment aisée, malgré l’imbroglio compliqué des relations entre les familles tsurani, les traditions toutes plus complexes les unes que les autres, et les stratagèmes tordus mis en place par Mara pour pouvoir tirer son épingle du jeu.
Malgré cette deuxième partie palpitante, je reste sur un sentiment mitigé : l'univers imaginé par Janny Wurts est d'une grande complexité, et décrit avec force détails, tout en restant cohérent, ce qui n'est pas une mince affaire. Mais je pense que ce livre aurait pu se passer facilement d'au moins un quart de ses pages, sans pour autant rendre le récit moins intéressant ou moins complet.
Ce second tome reste dans la veine du premier, et nous propose à nouveau des intrigues politiques poussées. Le jeu du Conseil acquiert ici une nouvelle dimension et se joue à plus grande échelle, offrant à Mara l'occasion de porter son clan de plus en plus haut dans la hiérarchie tsurani... au prix d'une énorme prise de risque et de la possible extinction des Acoma. Bien que le grand jeu soit toujours aussi passionnant et que l'univers de l'auteur ne cesse de s'enrichir, je me suis pas mal ennuyée pendant la première partie du livre, et je pense qu'on aurait pu se passer d'un bon quart du roman sans pour autant altérer la qualité de l'intrigue ou de l'univers. Cependant, la seconde partie est passionnante et remet en question l'ensemble de la société tsurani, tout en proposant un cross-over avec le cycle de la Guerre de la Faille. Un roman qui plaira à tous les amateurs d'intrigues politiques et d'univers complexes !
7,5/10
Lu en LC avec Maman Tortue
11/26
24/48
des cailloux ou des rochers