
Dès ses 19 ans, il joue du saxophone dans le Silas Green from New Orleans Traveling Show où son style à l'aube des années 50, rend le public si agressif qu'il est assailli et on lui détruit son saxophone.
Méchant début.
Le saxophone sera son instrument de prédilection toute sa vie. Il choisit l'alto. Il joint le groupe de Pee Wee Crayton et voyage avec lui jusqu'à Los Angeles. Il multiplie les emplois, entre autre comme garçon d'ascenseur afin de pouvoir se faire un petit salaire et la nuit jouer de son instrument dans les bars.

L'approche harmonique de Coleman et sa manière de jouer est une technique improvisée qui rend justice à ce qu'il entend et non à ce qu'il lit sur des feuilles de musique. Sa manière de jouer sans suivre de structures harmoniques construites autour de refrains et de couplets ne trouve pas beaucoup d'écho chez la plupart de ses confrères musiciens. Miles Davis le détestera toute sa vie. Paul Bley, en revanche, sera un proche collaborateur dès ses débuts.



Sa manière unique de jouer lui vient de l'utilisation d'un saxophone de plastique qu'il utilisait au tout début de sa carrière. Ne pouvant s'en payer un en métal, il est tombé amoureux du son que son sax en plastique lui donnait et s'en est inspiré, lorsqu'il a pu s'acheter un sax en métal, pour travailler son son en conséquence.

Free Jazz: A Collection Improvisation sort en 1960 et met en vedette une pléiade de grands interprètes. Cherry à la trompette, Freddie Hubbard aussi à la trompette, Eric Dolphy à la basse clarinette, Haden et Higgins toujours respectivement à la basse et à la batterie. L'album est controversé alors que la batterie joue un tempo régulier tandis que le reste du band joue un double tempo. La dychotomie auditive ne fait pas l'unanimité. L'audace de Coleman dérange.
Jouant très rarement des standards contemporains, préférant toujours ses propres compositions, Coleman se trouve quand même un public.
Il forme un nouveau trio dans les années 60, se met au violon (qu'il joue de la gauche), à la trompette et enregistre sans relâche toujours dans le style, difficilement accessible, de l'avant-garde jazz.

Dans les années 80, Jerry Garcia des Grateful Dead joue de la guitare sur un de ses albums. Coleman joint aussi Pat Metheny le temps d'un disque comme co-compositeur de tous les morceaux.

En 1990, la ville de Reggio Emilia en Italie propose un portrait de l'artiste en trois jours mettant en vedette Coleman, Don Cherry, Charlie Haden et Billy Higgins, le quatuor original du fameux Shape of Jazz To Come.

Il joue sur l'album expérimental de Lou Reed The Raven en 2003.
Coleman aura enregistré 49 albums en 53 ans. Il aura eu un impact certain sur le monde du jazz et sur les oreilles de son public.
Raflant même, ironiquement, le prix Miles-Davis (pas un fan de Coleman du tout) au Festival de Jazz de Montréal en 2009.

Son complice de toujours Charlie Haden s'était discrètement éteint il n'y a même pas un an.
Impatient de toujours, Ornette est allé le rejoindre pour de nouveaux jams jeudi dernier.
Il aura soufflé dans son sax jusqu'à la fin de ses 85 ans.
Jour de son dernier souffle.