Battle Creek // Saison 1. 13 épisodes.
BILAN
L’histoire de Battle Creek aurait été compliquée. La série a mis des années avant d’être enfin produite (le pilote date de 2002) sauf qu’elle aurait probablement du rester en gestation ou être complètement abandonnée. Certes, ce n’est pas si difficile à comprendre que CBS ait voulu un script de Vince Gilligan (et accessoirement de David Shore) pour faire comme si c’était pour lui l’après Breaking Bad (alors qu’il a créé ça bien avant). L’histoire de Chamberlain et Agnew est donc née quand Vince Gilligan était tout juste sorti de X-Files. Cet épisode donne l’impression d’être face à une série FOX des années 90. C’est old school à souhait, tant dans les intrigues que dans le visuel (mis en scène dans le pilote par Bryan Singer - ce qui n’est pas rien -). Sauf que le look de cette série n’a rien de bien intéressant et si c’était sympathique en apparence dans le premier épisode, plus le temps passe et plus on se lasse de ce visuel, et de cette musique, et de ces personnages filiformes, et de ces enquêtes qui manquent cruellement de surprises, etc. En somme, Battle Creek ne sait pas du tout à quoi elle va bien pouvoir ressembler et surtout à quoi elle doit ressembler. CBS s’est dit que c’était un bon pari de scénariste (et peut-être aussi une occasion de renouveler son pool de séries policières, probablement avant de se rendre compte de la qualité plus que discutable de cette série).
Si Battle Creek a été annulée après une saison, c’est compréhensible. Ce n’est pas une question de casting car Josh Duhamel et Dean Winters forment un duo d’inspecteurs assez sympathique, le problème c’est surtout car le scénario jongle entre les genres et que les intrigues manquent donc d’un peu de fluidité. Battle Creek n’a pas adopté énormément du style de Vince Gilligan tel qu’on le connaît (à la fois sur X-Files mais aussi sur Breaking Bad et Better Call Saul). En somme, Battle Creek ressemble un poil plus à du travail qu’aurait fait David Shore avant de créer Dr House (et donc avant de se dire que sa série médicale inspirée du procédurier policier était un bien meilleur pari). La série veut aussi mettre en scène un duo d’inspecteur décontracté, un peu façon Hawaii Five 0 mais en version rudimentaire (et très old school une fois de plus). On a parfois l’impression de voir The Good Guys (FOX) d’il y a quelques années qui aurait été mixée avec une série type NCIS. En somme, Battle Creek ne colle pas totalement à CBS et à aucune autre chaîne car elle veut prendre un peu de tout ce qui fonctionne, le mélanger et en sortir quelque chose. Je suis sûr que cette série aurait pu fonctionner, mais uniquement si elle était sortie en 2002.
Depuis 2002, Battle Creek a été ringardisée par d’autres séries qui ont utilisé des éléments que Battle Creek ne maîtrise malheureusement pas aussi bien. L’intérêt de cette série est peut-être aussi de confronter les pensées des deux créateurs, qui d’un côté pense que la transformation personnelle est possible et qui de l’autre pense que l’on ne peut pas changer et que l’on est donc condamnés à rester toujours dans le même tourniquet tout au long de sa vie. La confrontation entre Agnew et Chamberlain et leurs idées, est quelque chose qui fonctionne correctement, uniquement quand la série ne décide pas de faire le pitre et donc de tomber dans les mauvaises idées de son propre univers. Le dernier épisode tente de rappeler aussi ce qui a lié ces deux personnages (qui vont passer une bonne partie de l’épisode séparés). L’ouverture du dernier épisode est d’ailleurs un symbole parfait de ce que la série fait de plus mauvais : tenter de nous faire croire quelque chose et puis faire débarquer Agnew d’un coup d’un seul comme un magicien en costume propre et les cheveux bien gominés. Finalement, je n’ai pas énormément de choses à dire sur les cas de la semaine. Aucun ne m’a vraiment surpris (ou plus). Tout au long de la saison Battle Creek tente de nous faire croire qu’elle peut évoluer et puis rien.
C’est sans compter sur le côté déconstruit de certains épisodes (comme le dernier), quitte à en devenir confus. A côté de nos deux héros, nous avons Kal Penn qui est là pour faire le lien avec une précédente série de David Shore (il a incarné un personnage dans Dr House) ou pas du tout. En tout cas, je me demande bien ce que David Shore a voulu faire de cette série mais il n’a pas réussi à en faire grand chose. CBS a probablement imposé aussi ses idées sur ce qu’elle voulait faire pour que la série soit commandée et cela a dénaturé la vision des deux créateurs (car le pilote était déjà très différent de ce que la suite de la série nous a proposé). Quand on écrit une série en 2002, il serait bon de l’actualiser un peu plus que ce qui a été fait. On a l’impression que l’on est encore en 2002, coincé, sans jamais voir une once de modernisme là dedans. Sans compter l’autre référence à Dr House en la présence de Robert Sean Leonard dans le dernier épisode.
Note : 4/10. En bref, d’épisodes en épisodes ça ronronne. Véritable déception sans pour autant être la pire série policière du monde. Son seul gros défaut aurait été d’arrivée 13 ans trop tard.