L'histoire : Raiden, après un passé trouble, a trouvé la paix auprès du seigneur Bartok. Le jour où ce dernier est déchu pour s'être opposé à Gezza Mott, un ministre corrompu, Raiden perd sa raison de vivre. Obligé de vivre en exil, il retombe dans ses anciens travers, s'attirant le mépris de ses anciens soldats qui veulent se venger.
Que de prétention pour un résultat tout juste correct... C'est à se demander comment les acteurs, plutôt réputés, ont pu se laisser entraîner dans cette galère. Non pas que ce soit mauvais mais la réalisation de Kiriya est trop grandiloquente par rapport au sujet traité. Il s'agit d'un énième film de vengeance savamment orchestrée contre un méchant pervers narcissique corrompu avide de pouvoir. Bien sûr, Bartok, avant de mourir, était la sagesse incarnée et Raiden, son fils spirituel, respecte à la lettre un code d'honneur. On ne peut faire plus manichéen. Et s'il n'y avait que cette classique lutte du Bien contre le Mal... Mais non, Kiriya en fait des tonnes en rajoutant des ralentis à chaque occasion. Un petit vieux en déambulateur est plus rapide que Clive Owen qui traverse un couloir dans Last Knights. Je sais que l'intention du réalisateur était d'accentuer la tension dramatique par ses plans fixés sur les visages des personnages bouleversés ou par les séquences lentes annonciatrices d'un retournement de situation à venir. Mais à employer cette technique ad nauseam, il plombe son propre film. Peut-on faire plus cliché que la scène finale lorsque Clive chéri plonge son regard bleu océan dans le nôtre via la caméra avant de disparaître, remplacé par un écran noir ?
Le scenario m'a paru assez pauvre et sans le parti-pris de Kiriya, l'histoire tenait facilement sur une heure. Et réflexion faite, je trouve que les différentes parties du film sont assez déséquilibrées. La première accorde trop d'importance à Bartok, sans doute pour rentabiliser la présence de Morgan Freeman et la véritable action commence au bout d'une heure (sur 1h45, je crois). Dans ce genre de films, j'adore tout ce qui est préparation des plans, organisation d'une opération, etc. Le projet de vengeance des Last Knights est vite expédié alors que la descente aux enfers de Raiden dure un temps fou. Surtout qu'il n'y a pas vraiment besoin d'insister sur le sujet parce qu'on devine très facilement ce que son alcoolisme cache véritablement. Mais je ne ferai pas de spoilers. Les scènes de combat sont plutôt honorables mais cèdent le pas devant les atermoiements des divers protagonistes, c'est dommage pour un film dont le titre parle de chevaliers.
Pour autant, il y a tout de même de bons points. L'intrigue se déroule dans un monde imaginaire mélangeant le Japon des Samourais et notre Moyen Age. L'image était vraiment belle, notamment dans la richesse du palais. Bel effort également pour les costumes, somptueux pour le Ministre corrompu et l'empereur, plus sobres pour les chevaliers. C'est un étalage de tissus moirés, de broderies, de belles étoffes... J'adore. Bonne suprise aussi pour certains membres du casting, notamment Aksel Hennie, un acteur norvégien déjà repéré dans Headhunters. Même si la psychologie de Gezza Mott n'a rien d'inattendu, Hennie confère à son personnage le sadisme, la convoitise et la lâcheté nécessaires à le rendre merveilleusement odieux. En ce qui concerne les pointures, je reste sceptique. Il y a toujours chez Freeman une sorte de prétention qui m'agace et Clive Owen surjoue un peu les scènes dramatiques (enfin, il fait la tronche pendant 1H45). La plupart des seconds couteaux ne sont que des faire-valoir et ne servent pas à grand chose. J'en confondais d'ailleurs beaucoup. Ah si, il y a bien un personnage intéressant et plutôt original ! Ito (si je me souviens bien) est l'alter ego de Raiden. Il sert Gezza sans faillir mais c'est un soldat honorable et respectable parce qu'il est droit.
En regardant The Last Knights, je me suis dit qu'il y avait une erreur de casting. C'est comme si Brad Pitt jouait dans Donjons et Dragons. Et puis, mettre en scène des mondes fantaisistes (dans le sens "qui appartiennent à la fantasy) est un exercice difficile parce que cela nécessite de penser à tout un "background", c'est à dire l'histoire, la politique, la géographie, etc. du lieu que l'on invente. Sauf que Kiriya ne m'a pas donné l'impression d'avoir fait cet effort. C'est comme s'il voulait juste mélanger plusieurs époques et civilisations pour se faire plaisir sans parvenir à rendre le résultat crédible.