L’application agrège les données des utilisateurs pour sensibiliser aux effets du bruit sur la santé.
Mesurer les nuisances sonores en zone urbaine, c’est le cheval de bataille de l’application SoundCity. Développée par une équipe de chercheurs, entrepreneurs et médecins franco-américains, elle enregistre l’exposition au bruit de l’utilisateur pendant la journée, puis effectue une corrélation avec le niveau sonore maximal toléré par un être humain pour évaluer les risques sur la santé. L’application fait partie du projet Urban Civics, mis en place par l’Inria (L'Institut national de recherche en informatique et en automatique), qui vise à utiliser les données issues du crowdsourcing, des réseaux sociaux ou disponibles grâce à l’open data pour mieux comprendre la pollution urbaine, en particulier sonore. Pourquoi ce choix ? « D’abord pour des raisons techniques : on peut facilement utiliser les téléphones pour servir de capteurs de bruits, via les micros. » explique Valérie Issarny, directrice de recherche à l’Inria et coordinatrice du projet. « Ensuite parce que la pollution sonore est un type de pollution dont on parle peu, mais qui a pourtant un coût important en termes de santé. En Europe, les nombreuses règlementations sur les nuisances sonores font que le problème est globalement mieux géré. Aux États-Unis, il n’y a quasiment aucune règlementation politique en la matière, depuis la décision de Ronald Reagan de mettre de côté tout ce qui était lié au bruit pour se focaliser sur la qualité de l’air. » poursuit-elle.
Les nuisances sonores agissent sur le stress et la santé.
Les nuisances sonores, un problème largement ignoré
L’idée du projet SoundCity est de collecter les données depuis les téléphones des usagers, afin d’obtenir des mesures beaucoup plus précises. L’application tourne en fond et effectue une collecte de données de dix secondes toutes les cinq minutes, sans que l’utilisateur n’ai besoin de faire quoi que ce soit. Lorsqu’une source de nuisance sonore très importante est détectée, l’utilisateur a la possibilité de notifier quelle en est la source. L’application peut également fonctionner avec une montre intelligente pour calculer le pouls de l’utilisateur et comparer celui-ci avec le volume sonore ambiant, avec d’évaluer l’impact du bruit sur le niveau de stress. Les usagers peuvent ainsi avoir une meilleure idée des effets de la pollution sonore sur leur qualité de vie, et modifier leurs habitudes en fonction. Parmi les différentes sources de nuisances sonores prises en compte : le trafic automobile, bien sûr, mais aussi les transports en commun, la collecte des déchets, la proximité avec une caserne de pompiers ou un hôpital, etc.
Les utilisateurs peuvent désigner les sources de nuisances.
Des données récoltées à partir des téléphones
« Si, aux États-Unis comme en Europe, certaines tentatives de cartographier les nuisances sonores existent, elles sont peu nombreuses et très peu précises, reposant sur des campagnes de mesures menées tous les cinq ans. » affirme-t-elle. « À terme, l’objectif est donc d’afficher une carte de chaleur illustrant les différents niveaux de nuisance sonore dans une ville, avec possibilité de cliquer pour afficher les différentes sources de bruit. » développe Valérie Issarny. Il est prévu qu’une telle carte soit réalisée dans un premier temps à Paris et dans une ville de la Bay, idéalement San Francisco, une fois que suffisamment de données auront été collectées. Le but à terme est également que le citoyen s’implique et puisse interpeller sa municipalité sur ce type de nuisances. L’application est pour l’heure en version beta. Elle sera disponible sur Android dans les prochaines semaines.