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Éducation : les associations bourre-crâne de la République

Publié le 12 juin 2015 par Lecriducontribuable
Éducation : les associations bourre-crâne de la RépubliqueArticle extrait du numéro des Enquêtes du contribuable de décembre 2014/janvier 2015, " Associations : comment elles vivent de l'argent public ". Numéro disponible sur notre boutique en ligne.

Tout un symbole : c'est le 25e congrès de la Fédération Léo Lagrange que François Hollande, escorté de Christiane Taubira, ministre de la Justice et de Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports a choisi pour donner l'accolade au monde associatif, au mois d'octobre dernier. Il s'y est même offert le plaisir, devenu rare, d'une petite ovation. Attendu par Bruno Le Roux, président de la Fédération Léo Lagrange depuis 2000, porte-flingue historique du hollandisme et président du groupe PS à l'Assemblée nationale, le Président savait où il mettait les pieds.

Éducation : les associations bourre-crâne de la République
La Fédération a été fondée en 1950 par Pierre Mauroy (1928 - 2013), alors secrétaire des Jeunesses socialistes. Elle a été ainsi nommée en hommage à l'ancien député socialiste et secrétaire d'Etat aux Sports d'avant-guerre, Léo Lagrange.

Le dernier cadeau que le gouvernement vient de faire aux acteurs de l'économie solidaire et sociale va encore resserrer ces liens. " L'effet principal de la réforme des rythmes scolaires sera de faire exploser les heures d'activités périscolaires, explique Olivier Vial, auteur de " L'école malade de l'égalitarisme " (1) et président de l'Union Nationale Inter-universitaire (UNI). Les communes qui n'auront pas la possibilité de s'en charger vont confier cette organisation à des associations souvent proches de la Fédération ou de la Ligue de l'enseignement qui trustent environ 60 à 70% du marché ", estime-t-il.

Evaluée à 700/800 millions d'euros, cette galette va remplir les caisses d'organismes devenues incontournables tant l'Etat leur a délégué de missions de service public. Education, sport, loisir, lutte contre les discriminations, homophobie,... Ils sont présents sur tous les rings et boxent dans la catégorie poids lourds.

Forte d'un budget évalué à près de 150 millions d'euros, la fédération Léo Lagrange (350 associations affiliées) revendique 4300 salariés. De son côté, La Ligue de l'enseignement- près de 28 millions de subventions publiques versées à la seule Fédération nationale en 2013 - et sa multitude d'associations locales ont la réputation de disposer d'un budget deux fois supérieur à celui du ministère de la Jeunesse et des Sports (883 millions d'euros en 2014).

Des deux acteurs, la Ligue est la plus puissante. Les associations qu'elle regroupe représentent environ 50% du marché (périscolaire, centres de loisirs, camps de vacances, associations sportives...) contre 25% pour Léo Lagrange. Bien en cour, Eric Favey, professeur des écoles et secrétaire général adjoint de la Ligue, vient d'être promu inspecteur général de l'Education nationale (au tour extérieur) sur suggestion de Najat Vallaud-Belkacem.

Maçonne et laïcarde

Éducation : les associations bourre-crâne de la République
Alors que la Fédération est cataloguée 100% PS, le profil de la Ligue s'ancre encore plus à gauche. Créée en 1866 par Jean Macé, alors professeur dans un pensionnat de jeunes filles, elle s'est tout de suite positionnée en faveur d'un enseignement militant, son fondateur estimant que, s'il avait été " éduqué ", le peuple n'aurait jamais permis l'élection de Napoléon III au suffrage universel (masculin) en décembre 1848.

Proche de la franc-maçonnerie, laïcarde, la Ligue a profité de son siècle et demi d'existence pour se constituer un patrimoine considérable. Elle détient des châteaux qu'elle a transformés en " colo ", des camps de vacances... Son siège social n'est pas situé dans une banlieue populaire mais dans une rue élégante du 7e arrondissement de Paris. Elle revendique 30 000 associations affiliées. Sa taille réelle est difficile à estimer : " La Ligue est comme une hydre dont les têtes associatives naissent et meurent et qui a su se diversifier dans une multitude de secteurs ", reprend Olivier Vial.

Au verset idéologique, cette organisation protéiforme a effectué des embardées qui ont surpris. En 2014, elle a demandé la suppression de la loi interdisant les signes religieux ostensibles arborés dans l'école publique via une pétition rassemblant une quinzaine d'enseignants et mise en ligne sur le site de

Refusant, le principe d'une école du " tri social " et de la " compétition exacerbée ", les ligueurs se sont déclarés favorables à la théorie du genre en refusant de réduire " la question de l'identité sexuelle à sa seule dimension biologique " afin " de déconstruire les stéréotypes et les représentations qui freinent la progression des égalités ".

La Ligue a même affirmé qu'elle profitera des nouveaux rythmes scolaires pour faire entrer à l'école la théorie du genre grâce au recrutement d'éducateurs spécialisés. Ils seront chargés d'éradiquer les stéréotypes de la tête des enfants. C'est à ces éducateurs que vous confierez peut-être votre progéniture.

Politiquement correcte jusqu'au bout des ongles, la Ligue est aussi favorable aux migrants. Certaines des 30 000 associations qu'elle fédère participent à de nombreux mouvements comme ce " Collectif d'Education à la Citoyenneté et à la Diversité 72 " qui, depuis 2006, a élargi son action du racisme à la lutte contre l'homophobie, le sexisme et le handicap. Parfois, elle marche aussi en compagnie de la Ligue des droits de l'homme, de la LICRA, de SOS Racisme et d'autres associations, par exemple à Toulouse, pour exalter " la carte de la fraternité ".

Des commandes publiques mais pas celles du FN

La Fédération Léo Lagrange est également acquise à la théorie du genre. " Il faut le marteler : le sexe biologique ne suffit pas uniquement à faire un homme ou une femme, les normes sociales y participent également, parfois grandement " et il est " important que chaque citoyen [...] puisse en prendre conscience pour modifier ses comportements en connaissance de cause pour le bien-être des générations futures ", peut-on lire sur son site.

Au lendemain du scrutin municipal des 23 et 30 mars 2014, son conseil d'administration a publié un communiqué dans lequel il déclare " refuser la banalisation " du FN en s'engageant à refuser " toute relation contractuelle, subvention, commande publique avec les municipalités dirigées par le Front National ou tout parti qui s'y apparente ". A travers son réseau " Démocratie et Courage ", la Fédé s'est même engagée dans la labélisation des établissements scolaires en créant un macaron " Ecole sans racisme " !

Parfois, ses actions et celles de la Ligue convergent. Comme durant ces journées de mai 2010 durant lesquelles " Nouvel Esprit ", l'association des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (il ne manque personne à l'appel ?) de Franche-Comté vantait les modules de " réflexion sur l'homophobie " conçus par ces deux organismes. L'idéologie n'est pas le seul point sur lequel ces associations bourre-crâne se retrouvent. Il y a aussi celui des commandes d'Etat.

Par commande publique, il faut comprendre l'ensemble des contrats que concluent les collectivités pour satisfaire leurs besoins après la passation d'un appel d'offres, notamment dans le cadre de l'économie solidaire et sociale. Politiques sociales, éducatives, culturelles ou d'insertion : autant de spécialités où la Fédération Léo Lagrange dispose d'une offre complète. Elle lui a permis de vendre pour 147 millions d' euros de " produits " en 2012.

De son côté, comme un aspirateur géant, la Ligue rafle une bonne partie des commandes publiques. A Saint-Lô, par exemple, elle vient de signer une convention d'accompagnement à la conception d'un projet éducatif de territoire (PEDT) et au suivi de l'organisation du temps périscolaire. Coût pour les contribuables locaux : 52 430 euros.

Forts de centaines de permanents au siège de ces deux géants associatifs, La Ligue et Léo Lagrange sont mieux outillés que les petites associations pour répondre aux appels d'offres. Cette suprématie leur permet de se tailler la part du lion. Au risque de constituer une concurrence déloyale pour des prestataires privés qui n'ont pas la ressource de piocher dans la poche des contribuables pour ajuster leurs offres.

Alexis Constant

(1) " L'Ecole malade de l'égalitarisme ", édition CERU, 112 pages, 10 €.

Éducation : les associations bourre-crâne de la République
"Associations : comment elles vivent de l'argent public ", Les Enquêtes du contribuable de décembre 2014/janvier 2015, - 3,50€. Vous pouvez commander en ligne ce numéro (2nd tirage, version noir & blanc). Également sur abonnement.

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