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Quelques mots pour ma ville natale

Publié le 11 juin 2015 par Lamallette @Lamallette1
  • Quelques mots pour ma ville natale

Quelques mots pour ma ville natale

Par Guillaume Gravel

Ça a presque toujours été une relation problématique entre nous deux. C’est comme si on s’aimait, mais qu’on n’était pas faits pour être ensemble. Un peu comme des amants maudits.

J’ai ouvert mes yeux sur le monde emmitouflé dans un petit coin au nord du Québec. Un petit coin qui s’est fait baptiser l’Abitibi-Témiscamingue bien avant mon arrivée. C’est sa richesse minière qui a attiré mon grand-père et qui, éventuellement, a charmé mon père aussi.

Pendant dix-huit ans, j’ai marché le long de ses rues pour me rendre au dépanneur. J’ai eu au moins une dizaine de blondes en leur demandant de choisir entre oui et non dans le parc d’à côté. J’ai fait partie d’un groupe de Spice Girls et construit des forts dans la neige l’hiver quand le vent nous brûlait le visage.

Puis un jour, j’ai commencé à prendre de l’expansion. J’ai commencé à réaliser que j’avais besoin de plus, que notre relation devait se briser. Je voulais pouvoir être charmé par d’autre, apprendre à apprécier les couleurs d’autres parts.

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J’ai commencé par bouger un peu pour l’habituer à mon éventuel départ. J’ai fait un petit pas jusqu’à la ville d’à-côté pour qu’on comprenne que j’étais capable de partir, qu’il viendrait un temps où je ne serais plus là.

Dans la ville d’à-côté, je me suis permis d’apprivoiser un peu plus son territoire en le savourant et en dansant sur de nouveaux airs sous les multitudes d’étoiles qui peuplent ses nuits nordiques.

Puis un jour, j’ai fais ma valise. Je l’ai remplie d’accents, de tournure de phrases et de souvenirs que j’ai lancés à l’arrière de ma voiture pour aller voir ailleurs.

J’ai connu l’immensité de Montréal. J’ai laissé de côté quelques habitudes apprises au pays des orignaux pour mieux m’adapter et j’ai continué de prendre de l’ampleur jusque par-delà l’océan.

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J’y retourne quand même au moins quelque fois faire mon tour. Je m’épuise encore de sa distance qui me fâche parfois et de son trop plein d’arbres. Des fois ça me déçoit de voir que la ville qui m’a bercé semble s’épuiser visuellement. J’aime quand même revoir ces rues de mon enfance en travers desquelles d’autres se bâtissent une histoire.

On se retrouvera peut-être pour de bon un jour, comme des vieux amants qui sont enfin arrivés à la même heure. D’ici là, j’entretiens mon admiration pour mon p’tit coin de pays. Pour des créations qui en mettent plein la vue à ceux qui osent sous-estimer son éloignement géographique et des personnes riches en savoir et en joie de vivre qui m’ont aidé à me façonner d’année en année.

Même si on ne s’est pas toujours bien entendu et que je ne vante pas ses mérites à l’infini,  j’entretiendrai toujours une certaine fierté envers mon amour du passé.


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