Younger de Pamela Redmond Satran 3,75 (08-06-2015)
Younger (256 pages) est sorti le 5 juin 2015 dans la collection Histoire romanesque des Editions Denoël (traduction : Arnaud Baignot et Perrine Chambon).
L’histoire (éditeur) :
Alice, quarante-quatre ans, s'ennuie. Maintenant qu'elle est divorcée et que sa fille a quitté la maison pour faire du volontariat en Afrique, elle rêve de changer de vie. À la veille du Nouvel An, elle part retrouver son amie Maggie à Manhattan. Cette dernière prend les choses en main au cours d'une séance de transformation : coupe de cheveux, maquillage, tenue... Métamorphosée en jeune femme, Alice a du succès et rencontre Josh, un bel étudiant qui pourrait être son fils. Se prenant au jeu, elle décroche un job d'assistante marketing dans la maison d'édition où elle avait commencé à travailler vingt ans plus tôt. Tout le monde lui donne vingt-neuf ans, y compris Josh, de plus en plus amoureux. Mais cette nouvelle vie n'est pas sans risque et tout peut basculer à chaque instant, surtout lorsque la fille d'Alice décide de rentrer soudainement...
Younger dresse le portrait drôle et juste d'une femme qui s'autorise enfin à vivre la vie dont elle rêve. Un véritable guide pour toutes celles qui n'ont pas renoncé à un nouveau départ, quel que soit leur âge.
Mon avis :
Voilà le genre de roman vers lequel je ne me tourne pas de moi-même. Il faut en général d’excellents retours, que ce soit un cadeau ou un service-presse pour que je m’y plonge. Ce n’est pourtant pas la peur d’être déçue qui me freine, mais sans trop pouvoir l’expliquer c’est juste que c’est un genre qui ne m’attire pas plus que ça.
Younger fait donc partie de ces bonnes surprises que j’ai eu l’opportunité d’avoir. J’ai passé un très bon moment en compagnie d’Alice, cette femme de 44 ans, habituée à sa vie tranquille et sécurisante en banlieue résidentielle que sa meilleure amie entraîne à New York passer le nouvel an, et qui va ainsi voir sa vie transformer en une nuit. En vérité, même si elle apprécie cette petite routine (popote, jardinage et club de lecture), elle est habitée par un profond regret de n’avoir pas vécu sa vie pour elle mais pour l’avoir consacré à sa maison, son mari et sa fille. Cette sortie est enfin l’occasion de comprendre ce qu’elle désire vraiment aujourd’hui lorsque toutes les portes professionnelles se ferment devant elle (ce ne sont pas ses 23 années de mère au foyer qui peuvent gonfler son CV), que son mari l’a quittée pour sa jeune secrétaire et que sa fille est partie en Afrique faire de l’humanitaire. Son souhait n’est pas juste avoir la chance de trouver un poste dans la maison d’édition où elle travaillait il y une vingtaine d’années, c’est surtout retrouver les années perdues, être jeune et vivre enfin.
Après une soirée relooking entre les mains de Maggie, son amie de toujours, Alice a de nouveau 20 ans (ou presque) et les opportunités tombent encore plus facilement qu’elle ne l’aurait espéré…
Younger, c’est un roman frais, tendre, sensuel et surtout très plaisant à lire. On vit avec Alice ses mensonges et ses non-dits qui finissent forcément par peser, on s’interroge autant qu’elle et on sourit de la voir se confronter aux décalages de générations.
Pamela Redmond Satran parle avec suffisamment de justesse pour ne pas donner le sentiment de lire de la Chick-lit un peu bêta. Les thèmes partagés (la maternité à 40 ans passés, l’homoparentalité, la différence d’âge dans l’amour, le besoin d’épanouissement, le sentiment d’abandon ou d’avoir gâché sa vie) sont actuels et intéressants. Qui n’a jamais regretté certains choix, actions ou actes manqués des années après ?
Ça m’a plu de voir Alice refaire sa vie sans avoir à renier son passé (bien qu’elle le mette un peu de côté quand même).
On trouve là quelques facilités (le beau gosse qui tombe très vite sous son charme et le job, presque de rêve, qu’elle décroche avec facilité, tout ça en quelques jours), mais ça a le mérite d’éviter les longueurs. Et à côté de cela il y a les doutes, les interrogations, les peurs de l’échec auxquelles Alice doit faire face (j’ai d’ailleurs trouvé ses réflexions intelligentes et pleine de bon sens).
« Je savais que je n’étais pas heureuse, mais je pensais simplement que c’était normal, après vingt ans de mariage. Mes amies mariées étaient pour la plupart dans le même cas. Nous faisions rarement l’amour, nous échangions plus rarement encore des propos intéressants, mais nous ne nous disputions pas non plus. C’était acceptable. J’aimais bien ma vie et je n’avais aucune intention de quitter Gary parce que j’étais certaine que je ne trouverais jamais mieux.
Gary, lui, avait trouvé quelqu’un de mieux : Gina, sa secrétaire. Je sais, c’est cliché mais où peut-on rencontrer de nouvelles personnes sinon au travail (et que faites-vous quand, comme moi, vous n’avez pas de travail ?). Je m’étais sentie humiliée, jalouse, furieuse, mais aussi au fond de moi, soulagée. D’une certaine façon, Gary m’avait rendu service en me forçant à changer de vie alors que j’étais trop lâche pour m’en charger moi-même.» Page 65
Ses appréhensions sont réalistes et la rendent suffisamment vraisemblable pour qu’on se retrouve facilement en elle et qu’on apprécie d’autant plus la voir prendre une revanche sur la vie, ou du moins, pouvoir enfin redessiner son destin.
Younger est un roman positif, entraînant, touchant, facile certes et peu profond mais convainquant. Bref, même si ce n’est pas 100% crédible, c’est une petite comédie assez addictive qui fait du bien (et dont le côté romance ne prend pas le pas sur le reste).