Avec Kader Attia, Basma Alsharif, Ziad Antar, Leonor Antunes, Marwa Arsanios, Bertille Bak, François Bellenger, Filip Berte, Marcel Dinahet, Yasmine Eid-Sabbagh, Maïder Fortuné, Valérie Jouve, Lamia Joreige, Jan Kopp, Yannis Kyriakides, Lia Laphiti, Bertand Lamarche, Daniel Lê, Armin Linke, André Parente, Françoise Parfait, Tania Ruiz, Sophie Ristelhueber, Mira Sanders, Stéphane Thidet, Eric Valette, Christophe Viard, Mehmet Yassin
Commissariat : Suspended spaces
Vernissage jeudi 3 septembre,
à partir de 18h
Événements liés à l’exposition :
Nocturnes, de 19h à 20h30 lors des spectacles :
24/09 - Théâtre : Flirt, Cie Des Divins Animaux
SORTIR DU LIVRE
Suspended spaces est un projet proposé par un collectif, qui travaille depuis maintenant plusieurs années (2007) à partir de territoires suspendus pour des raisons de conflits politiques, économiques, historiques. Ces espaces sensibles, abandonnés par la modernité, rendent le regard artistique nécessaire. Ce fut d’abord la ville fantôme de Famagusta à Chypre, puis le site de la Foire Internationale de Tripoli au Liban, projet inachevé de l’architecte Oscar Niemeyer. Ce chantier commencé en 1962 n’a jamais pu être terminé, et le début de la guerre civile en 1975 a figé le projet dans son état actuel. Des images de la Foire sont présentes dans plusieurs pièces de l’exposition.
Suspended spaces est un projet de recherche, qui organise des résidences, des expositions, produits des œuvres et des publications. Suspended spaces ne cible pas des lieux. A chacune de ses étapes (Chypre, Liban, Brésil), nous avons été invités à partager avec nos hôtes l’expérience de lieux particulièrement fragiles, marqués par des conflits, des conditions de vie difficiles ou précaires. Nous partons de l’idée que ces conditions difficiles concentrent un potentiel de réflexion et d’expérience qui intéresse la création contemporaine en général et le regard qu’elle porte sur la complexité du monde d’aujourd’hui. Notre position n’a rien de mélancolique.
Au Brésil, le collectif a été invité par Luiz Guilherme Vergara, à rencontrer un lieu, un bâtiment, le MAC, et la manière dont il s’insère dans le contexte urbain de Niterói, mais aussi des artistes brésiliens dont les travaux croisent d’une manière ou d’une autre les préoccupations du collectif.
Au Liban comme à Niteroi, l’objet n’est pas de travailler sur l’architecture de Niemeyer, mais plutôt sur les rapports entre une modernité, portée par une pensée et un désir universaliste, et un contexte social et historique. Plus précisément, L.G. Vergara nous a invité à considérer le MAC sans le disjoindre du Maquinho qui le surplombe, et à entrer en relation avec les habitants de Morro do Palacio.
Ces rencontres ont donné lieu à des propositions artistiques qui font état de ce début d’expérience, tout en acceptant les possibles fragilités et impasses des travaux engagés.
L’exposition présente ainsi des travaux réalisés en relation avec le site de Niemeyer à Tripoli, et également des propositions artistiques réalisées spécialement pendant la résidence de Niteroi.
SUSPENDED SPACES : LE MANIFESTE
QUI SOMMES-NOUS ?
Un collectif indépendant, mobile bien que basé à Paris, Caen et Berlin, avant tout réuni par le désir de travailler ensemble et avec d’autres artistes et chercheurs internationaux.
Le fonctionnement du projet n’est ni hiérarchique ni centralisé, mais plutôt organique et arborescent. Nous recherchons les rencontres fortuites et les croisements d’intérêts et de passions.
POUR FAIRE QUOI ?
Produire des oeuvres et des textes, réunir des artistes et chercheurs, organiser des résidences, des tables rondes et colloques, des projections, réaliser des expositions, des livres, des événements.
Nous envisageons les artistes comme des chercheurs et croyons à l’importance du regard et des discours artistiques et philosophiques sur le monde contemporain.
SUSPENDED SPACES QU’EST-CE QUE C’EST ?
Nous posons l’hypothèse qu’il existe des objets, ou plus précisément des espaces, que nous avons baptisés « suspended spaces » (espaces en suspend et en suspens), qui méritent le déplacement.
Ce mérite repose sur des caractéristiques précises bien que difficilement« énonçables » qui lui donnent une dimension paradigmatique susceptible de susciter des productions artistiques ou textuelles.
Ces suspended spaces sont des espaces dont le devenir a été empêché pour des raisons de conflits politiques, économiques, historiques. Ils sont des espaces sensibles, fragiles, provisoires, et de ce fait rendent le regard artistique nécessaire, pertinent, légitime ; ils nous concernent tous.
DÉPLACEMENTS
Nous croyons à la nécessité du déplacement comme méthode, à la décentration du regard. Se décentrer symboliquement mais aussi géographiquement. Une approche liée à une situation réelle, une confrontation physique et une expérience commune, partagée sur le terrain.
Nous ne ciblons pas un lieu, un territoire, un suspended spaces, nous y sommes invités au fil de nos rencontres. A notre tour, nous confions cette expérimentation, ce déplacement, à des individus : artistes, chercheurs.
ÉCONOMIE
Nous travaillons avec les budgets que nous obtenons.
Le projet s’adapte aux opportunités mais nous créons les opportunités par les rencontres que nous sollicitons et le récit du projet que nous faisons à nos partenaires ; nous n’attendons pas, nous réagissons.
Nous ne sommes pas sous tutelle économique, nous sommes autant que possible indépendants du marché et des institutions.
Nul n’est forcé au résultat immédiat. Les artistes et les chercheurs qui nous accompagnent ne sont pas poussés à produire mais invités à croiser leurs préoccupations avec celles du projet, et donner lieu à des discussions, des oeuvres, des textes, des idées.
Nous essayons de rendre compte de la diversité de ces productions dans les publications.
TEMPO
Nous ne subissons pas le calendrier, nous ne travaillons dans l’urgence que quand nous l’avons décidé, nous prenons le temps de faire évoluer les idées et construire des relations, le temps de rencontrer et découvrir des oeuvres, des textes, des lieux et des personnes.
Notre projet s’inscrit sur la durée, et s’il est ponctué par des événements publics, il n’en est pas l’esclave.