« Comme un avion », où la cinquantaine au fil de l'eau

Publié le 11 juin 2015 par Toulouseweb
 

« Comme un avion », où la cinquantaine au fil de l’eau


Critiques de films, mes frères, vous êtes parfois un peu feignants... J’ai lu aujourd’hui dans un quotidien national « sérieux » une critique de ce film qui consistait uniquement à un résumé du scénario, avec quand même quelques appréciations (flatteuses, tout de même....).
Eh bien nous allons essayer de vous offrir davantage, ce que fait en général « Toulouseweb ». Ce film est le fruit d’un tandem bien connu dans le cinéma français, celui des frères Podalydès : Denis, qui fait l’acteur (remarquable interprétation de Nicolas Sarkozy dans le film « La conquête »), et qui accessoirement est sociétaire de la Comédie Française, et Bruno, le réalisateur et scénariste. A leur actif, plusieurs films au compteur, et tout d’abord la série «Versailles », ville dont ils sont originaires : « Versailles rive gauche », « Versailles chantiers », et « Bancs publics » (« Versailles rive droite »), films d’un humour très décalé, façon BCBG, qui avaient été fort remarqués à leur sortie. Il y a eu également en 2001 « Liberté Oléron », dans une veine beaucoup plus grinçante.
Mais là, total changement de ton : nous sommes dans un univers de loufoquerie tendre, dans un film bucolique qui se passe pour l’essentiel sur une calme rivière du département de l’Yonne.
Denis Podalydès n’a qu’un rôle accessoire, c’est son frère Bruno qui porte le film sur ses épaules, ayant à la fois le rôle principal et la responsabilité de la réalisation.
Infographiste de métier, marié avec une femme qui sait très bien cerner ses fêlures (formidable Sandrine Kiberlain ), il a envie, lui, le passionné d’aviation, de vivre sa vie en réalisant ses rêves, ne serait-ce qu’une semaine . Comment de l’aviation il en vient à acheter un kayak, je ne vous le raconterai pas, mais le scénario se sert de ce prétexte pour déployer toute une gamme de situations burlesques qui nous mettent totalement en joie. Il faut voir comment Bruno Podalydès tire parti d’un emballage encombrant et d’un ascenseur pour créer une séquence d’un délire total, digne des Marx Brothers. Il faut voir comment ce réalisateur utilise la petite ferme au bord de l’eau ou s’ébattent des personnages pittoresques ( dont Agnès Jaoui, que l’on n’a pas vue depuis longtemps sur les écrans ), pour créer une sorte d’îlot de bonheur , de lieu de vie utopique dont Bruno Podalydès ne veut plus s’extraire...
Mais hélas, il va falloir rentrer, et les portables permettant, avec les applications qui vont bien, de géo-localiser les correspondants, la réalité reprend le dessus...Bref nous quittons ce film sur une fin assez ambigüe, qui n’est pas le moindre charme de cette œuvre totalement aboutie, et qui nous change de ce déferlement de films français actuels dans lesquels des amis de trente ans ( ou plus...) se retrouvent , et confrontent leurs rêves et leurs illusions perdues...
J’ai vu ce film mardi 9 à l’UGC Toulouse, et il bénéficie du Label des Spectateurs UGC... Une très bonne idée pour faire émerger du lot des 15 films sortant chaque semaine ce petit bijou de drôlerie et de tendresse... Ne le ratez pas !
Christian Seveillac