Critique Ciné : Comme un Avion, partir à l'aventure

Publié le 10 juin 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

Comme un avion // De Bruno Podalydès. Avec Bruno Podalydès, Agnès Jaoui et Sandrine Kiberlain.


La beauté de Comme un avion réside dans sa simplicité. De ce film qui ne me donnait pas vraiment envie, j’en suis sorti avec l’envie de voyager et de découvrir de nouveaux horizons sans vraiment se soucier de ce que je peux laisser derrière moi. C’est ce qui arrive à Michel, passionné par l’aéropostale, qui décide du jour au lendemain qu’il est temps pour lui de prendre enfin son envol. Ce ne sera pas à bord d’un avion mais d’un kayak, qui lui fait étrangement pensé au fuselage d’un avion. Le rapprochement n’est pas anodin et est surtout assez intelligent. Ce film, c’est un film plein d’optimisme et d’exaltation, comme on ne voit peu dans le cinéma français ces derniers temps. Cela me rappelle énormément Lulu Femme Nue en beaucoup plus drôle sans toute une réflexion sociale derrière. Dans son film, Bruno Podalydès veut nous faire croire que l’on peut encore réaliser ses rêves d’évasion les plus fous et finir par tomber sur quelque chose d’inattendu qui va nous permettre d’arrêter notre voyage à un endroit. Michel est un personnage moyen, quelqu’un de tous les jours en somme, mais c’est ce qui fait de ce film, au bord de la poésie, une vraie réussite c’est la façon dont il parvient à nous plonger dans son univers aussi intelligent que drôle. Et le cinéma français est souvent teinté de défaitisme, comme si tout devait être gris et dramatique et jamais poétique.

Michel, la cinquantaine, est infographiste. Passionné par l'aéropostale, il se rêve en Jean Mermoz quand il prend son scooter. Et pourtant, lui‐même n’a jamais piloté d’avion… Un jour, Michel tombe en arrêt devant des photos de kayak : on dirait le fuselage d’un avion. C'est le coup de foudre. Michel part sur une jolie rivière inconnue. Il fait une première escale et découvre une guinguette installée le long de la rive. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de la patronne Laetitia, de la jeune serveuse Mila, et de leurs clients ‐ dont la principale occupation est de bricoler sous les arbres et boire de l’absinthe. Michel sympathise avec tout ce petit monde, installe sa tente pour une nuit près de la buvette et, le lendemain, a finalement beaucoup de mal à quitter les lieux…

Mais justement, cela me rappelle Lulu Femme Nue, un film où Karin Viard décidait de partir, de laisser sa vie et de vivre une nouvelle vie ailleurs, dans un petit village au bord de la mer. C’était beau, sincère et c’était l’un de mes films coup de coeur de l’année dernière. Cette année, je pense qu’il y aura eu Comme un avion. C’est un film qui a une façon tellement merveilleuse de mettre en abîme ses personnages et surtout son héros. On va comprendre le besoin de Michel au fil du film alors qu’au départ, on a l’impression qu’il a une vie normale mais justement, une vie ronronnante dans un couple où l’on ne fait plus l’amour, où l’on passe son temps sur son iPad (jusqu’à même s’endormir dessus), où l’on ne partage plus rien de peur d’être moqué, etc. C’est ce que vit Michel, il en a marre et a besoin de voyager. Il veut partir, pas forcément loin, mais simplement partir découvrir de nouvelles choses. Bruno Podalydès a bien fait de se donner le premier rôle dans cette comédie douce-amère qui lui va comme un gant. L’une des forces de ce film est toute la poésie qui se dégage de scènes en scènes. Au début c’est un récit sur un homme qui veut partir mais qui se retient de le faire. Puis le film devient tout autre chose, un périple mais aussi une sorte de découverte de soi.

Car c’est ce que va vivre Michel avec cette guinguette le long de la rive. Il va rencontrer Laetitia. C’est rare que je le dise mais Agnès Jaoui était radieuse et éblouissante. Elle que j’ai détesté pendant tant d’années dans des rôles étranges aux côtés d’un Jean Pierre Bacri mono-expressif. Depuis quelques temps je commence à tomber sous le charme de cette femme qui semble avoir beaucoup changé et en bien. Il n’est jamais trop tard pour découvrir les autres. Sandrine Kiberlain pourrait être cantonnée au rôle de seconde zone et pourtant sa place est bien dosée tout au long de ce récit souvent fabuleux, parfois très rêveur ou mélancolique, mais toujours délicieux. Délicieux est bel et bien le mot. Avec sa caméra, Bruno Podalydès nous offre probablement son meilleur film après le déjà très sympathique Adieu Berthe ou l’enterrement de mémé que j’ai l’impression d’avoir été l’un des rares à apprécier. En tout cas, Comme un avion apporte tout ce que je cherche dans le cinéma français en ce moment et ce n’était pas donné. La bande annonce est d’ailleurs très trompeuse, donnant l’impression que le héros est la pire tête à claques au monde sauf que c’est tout l’inverse car le périple qu’il nous fait traverser, on a presque envie de le vivre nous aussi et quand s’arrête le film, on n’a pas envie de le voir s’arrêter.

Note : 10/10. En bref, immense coup de coeur.