Trois générations. Le premier, le plus ancien, est kabyle. Son pays c’est l’Algérie, alors française. Le second, c’est son fils, venu travailler en France dans les années 60. Le troisième est le fils de ce fils, de la génération « Marche pour l’égalité ». Et l’on suit ces trois personnages, décelant l’évolution du rapport entre eux et leurs pays. Parce que l’Algérie et la France sont leurs pays mais qu’ils ne savent pas toujours très bien comment ces pays les acceptent. Celui qui vient pour construire des HLM et qui vit dans un bidonville, se dit qu’il n’est en France que pour un temps déterminé. C’est d’ailleurs ce qu’on lui répète sans cesse : sa famille est loin, il ira la rejoindre quand son travail sera fini. Et puis il ne repartira pas, il ne pourra pas repartir. Et, au fond, ce pays qu’il a contribué à construire, c’est aussi le sien. Mais comment les plus jeunes peuvent-ils se dire français quand on les qualifie d’arabes, de musulmans, c’est-à-dire de critères qui n’ont rien à voir avec la nationalité ? Et pourquoi sont-ils refusés en discothèque, au point de se teindre les cheveux et de prétendre s’appeler Marco pour pouvoir entrer ? Je ne peux ici évoquer qu’une partie de ce spectacle qui, à Courcouronnes, tournait autour de la place mais qui, ailleurs, peut s’inviter dans les quartiers, à la rencontre des gens, invitant à la découverte de ces années vécues par trois générations, et provoquant à la discussion et la connaissance réciproque.
J'ai vu ce spectacle à Courcouronnes (91), dans le cadre de Vive l'Art rue.