Jay-Jay Johanson. Album n°10.
Avant de laisser l’artiste s’exprimer sur chaque titre de son nouvel opus, introduisons brièvement Opium.
Dès le début, on retrouve, je pense, l’artiste en très grande forme. En aussi grande forme que lors des derniers. D’ailleurs, on pourra se demander à quand remonte un supposé moment de faiblesse dans sa carrière. Personnellement, il me faudrait remonter ni plus ni moins à la bande originale pour La confusion des genres, en 2000.
Tant musicalement que vocalement, tout est superbement amené. On ne parlera pas de maturité, mais bel et bien d’une aisance et d’un charisme en parfaite symbiose. Assurément, ce sera l’un de mes disques de l’année, tout du moins parce que je risque de beaucoup l’écouter celui-ci.
Jay-Jay Johanson nous a distillé des informations, semaine après semaine, sur chacun des titres, avec en prime les paroles. En voici pour vous l’écho en français. Mais ne me demandez pas pourquoi il n’a rien dit sur les deux derniers titres (« Celebrate the wonders » et « Capricorn »)…
« Drowsy » : Cette petite « intro » commence par un petit accord sur un orgue et Erik Jansson joue l’harmonica. (Nous n’avons pas enregistré un harmonica depuis « A letter to Lulu-Mae » sur mon 2ème album Tattoo). C’est comme si Tom Sawyer et Huckleberry Finn traînaient dans la banlieue. Je pense que c’est mon ouverture d’album préférée depuis le scratch qui commençait « It hurts me so » sur Whiskey en 1996.
« Too young to say good night » est la continuité directe de « Drowsy ». Les gros rythmes de batterie qui arrivent avec cette basse intense, le piano minimal, la douce guitare électrique et la cithare, mais plus importants sont la voix et l’harmonica. Un Jazz cadencé influence la mélodie, comme toujours, et un poème sur l’urgence de rester éveillé aussi longtemps que possible pour ne rien manquer avec la personne que vous aimez.
« Moonshine » : Je me souviens que pendant la tournée à la fin des années 90 nous avions fait une version live hard de « It hurts me so » inspirée de Black Sabbath, et sur Poison j’avais arrangé « Keep it a secret » avec plein de guitares électriques déformées. Et ici, sur « Moonshine », j’ai décidé de produire la chanson à nouveau avec des guitares électriques bruyantes et des rythmes de batterie terribles joués par Magnus Frykberg. Et, comme de si nombreuses fois avant, inspiré par les musiques originales d’Ennio Morriccone et de John Barry. La chanson raconte l’histoire d’être amoureux de quelqu’un qui pourrait ne pas être la meilleure personne pour vous, mais parfois vous ne pouvez tout simplement pas résister au choix de votre cœur. C’est le premier single d’Opium.
« Be yourself » : Peut-être la chanson la plus douce sur l’album, peut-être aussi la plus influencée rétro, avec son style rythmée à la Burt Bacharach. Je joue de la trompette à la fin, pour la première fois, (incroyable ce que de nos jours tu peux faire sur un ordinateur après coup).
« I love him so » : En présence du duo allemand Funkstörung, qui a produit de super chansons sur Antenna, comme « Cookie », « Kate » et « Tomorrow ». Cette fois-ci c’est plus noir et plus obsédant. Une chanson sur mon fils, que j’ai écrite dans la salle d’attente de l’hôpital, un jour où il était malade…
« NDE », (Near Death Experience), est un peu la suite directe de « On the other side » de mon album Spellbound. Cela s’avère être vraiment beau, presque spirituel, presque quelque chose ressemblant à un morceau hip hop acoustique. Je l’ai écrit assis sur mon piano, et pour la batterie c’est mon fils Sixten et moi frappant des mains et tapant les pieds. Erik nous a rejoint sur le refrain au Vocoder, je n’avais pas utilisé le Vocoder depuis « Far away » sur mon troisième album Poison.
« I don’t know much about loving » : C’est la dernière chanson que nous avons enregistrée pour l’album, je crois que c’est la plus groovy de toutes. Habituellement, le dernier titre que nous enregistrons donne une petite idée de ce à quoi le prochain album ressemblera, donc c’est peut-être un indice, je ne sais pas encore. Le style Chick Corea joué par Erik au piano est peut-être le meilleur qu’il ait jamais fait.
« Scarecrow » : Robin Guthrie de Cocteau Twins et moi travaillons ensemble depuis 1997. Il était présent sur « She’s mine but I’m not hers » de Tattoo (1998) et il a joué sur « Escape » et « Far away » sur Poison (2000), et maintenant, enfin, nous sommes à nouveau de retour en studio. Jusqu’ici, nous avons enregistré cinq chansons, il y aura un jour un album complet, et cette chanson est un avant-goût de ce qu’il sera. Le son Cocteau charmant de Robin, avec toutes les guitares électriques bruyantes qui résonnent.
« I can count on you » : Avec Magnus qui tappe et s’excite sur sa batterie, Erik sur son Wurlizer et accompagné par une basse Moog, j’ai les fondements dont j’ai besoin pour chanter ce titre doux et rythmé.
« Alone too long » : Ce serait la grande sœur de « Sunshine of your smile », de Tattoo (1998), enfin, avec les effets dub des décalages de bande. Peut-être la chanson la plus bizarre que j’ai enregistré depuis un long moment.
« Harakiri » : Un morceau instrumental. Simplement une vieille boite à rythmes, un synthétiseur Moog et mes doigts posés sur mon cher piano. « Insomnia » sur Cockroach (2013) et « Harakiri » sont simplement quelques uns des nombreux titres instrumentaux que j’ai enregistrés dernièrement. Peut-être un jour pourrais-je imaginer de publier un album sans ma voix.