C’est qui les plus forts ? // De Charlotte de Turckheim. Avec Alice Pol, Audrey Lamy et Bruno Sanches.
Charlotte de Turckheim revient à la comédie sociale après Mince Alors ! et Les Aristos. On retrouve alors dans ce film plus ou moins tous les poncifs du genre, sans pour autant que cela ne soit un problème. En effet, le film n’est pas toujours réussi, laissant parfois un arrière goût d’inachevé mais son sujet est traité avec humour et surtout mis en image grâce deux actrices qui nous font oublier parfois les faiblesses du scénario. J’étais très heureux de retrouver Alice Pol (Disparue, Supercondriaqve) dans un rôle où elle n’est pas enfermée et condamnée à jouer derrière Dany Boon. C’était l’un des rares (très rares) atouts de Supercondriaqve et elle méritait bien un rôle à la hauteur de ce qu’elle peut faire et à mon sens, C’est qui les plus forts ? parvient à le lui offrir. Elle hérite donc des meilleures répliques, qu’elle partage avec sa consoeur Audrey Lamy (Les Souvenirs, Scènes de Ménages) qui en a elle aussi à raconter et qui n’y va pas de main morte. En tout cas, j’ai trouvé ce film fort sympathique du point de vue de ces deux personnages. Avec le reste et surtout le scénario, cela se gâte un peu. Ce que veut ce film c’est nous prouver que même dans la misère on peut toujours relever la tête et gagner parfois. C’est là dedans que le film puisse toute son énergie et il la puise un peu trop.
Sam, au chômage et pom-pom girl à ses heures, se bat pour conserver la garde de sa jeune soeur et pour arrondir les fins de mois difficiles. Avec Céline, sa colocataire et meilleure amie, elles imaginent toutes les solutions pour s’en sortir – du téléphone rose à l’art floral –jusqu’au jour où un couple inattendu vient sonner à leur porte…
Du coup, on se retrouve avec quelque chose d’inégal car le scénario ne gère pas toujours très bien le fil de l’histoire : errant entre une histoire d’insémination artificielle pour un couple homosexuel, prenant en grippe le sujet de la GPA, très tabou en France. Je trouve que ce qu’il y a derrière (au delà du débat sur le sujet même) est un peu étrange et pas toujours bien fichu. J’ai parfois eu l’impression que le film voulait faire sourire là dessus alors que malheureusement cela ne fait que nous mettre mal à l’aise. Peut-être aussi car en France la GPA n’est pas quelque chose d’effectif pour le moment mais je trouve que la façon dont est traité le propos est étrange d’autant plus que le bébé serait issu de la jeune Sam et pas d’une inconnue ce qui pose un problème de plus. Sans compter que l’avocat est présenté comme l’un des personnages qui a aidé à faire fermer l’usine dans laquelle elle était employée, etc. C’est tout un tas de petits trucs comme ça qui ronge cette partie de l’histoire et donc du film sans parvenir à s’en dépêtrer le plus rapidement possible. Du coup, une bonne demi-heure du film est consacrée à cette histoire, à mon grand désespoir. Puis il y a cette jeune fille, la soeur de Sam, qui est atteinte d’un trouble du comportement suite à l’accident de voiture qui a tué sa mère et duquel elle est sortie indemne.
C’est là aussi un sujet assez difficile que tente de mettre en avant C’est qui les plus forts ?. J’apprécie pour le coup ce qu’a tenté de faire Charlotte de Turckheim de ce point de vue là, d’autant plus que je ne m’attendais pas du tout à une lecture aussi intelligente de l’histoire de cette jeune fille mais cela ne suffit pas toujours à sortir ce film d’un marasme dans lequel il se plonge tout seul. Anna Lemarchand, la jeune actrice qui incarne le rôle de la soeur, est touchante comme tout et mérite toute l’exposition que Charlotte de Turckheim a voulu lui offrir dans son film. Je me demande même si elle n’aurait pas dû lui offrir une place plus importante. Comme terrain de jeu, le scénario a choisi St Chamond, du côté de St Etienne, autant dire un coin qui ne respire pas forcément l’espoir en France (ce n’est pas par méchanceté lyonnaise que je dis ça, mais pour avoir vu St Etienne, je trouve cette filme assez déprimante) mais justement, en prenant une ville comme celle-ci, Charlotte de Turckheim réussi l’exploit de la transformer en havre d’espoir. On a l’impression que tout le monde peut être heureux, que tout est possible même quand les pires choses nous tombent dessus. C’est qui les plus forts ? reste donc un joli film qui aurait pu faire plus d’efforts pour nous séduire.
Note : 5.5/10. En bref, si le débat sur la GPA est traité de façon ratée, C’est qui les plus forts ? se rattrape sur ses personnages féminins et sur le handicap, traité avec beaucoup de tendresse et d’émotions.